M. Le Drian : Les drones MALE français ne seront pas armés

Selon toute vraisemblance, l’armée de l’Air devrait être prochainement dotée de deux drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de type MQ-9 Reaper, du constructeur américain General Atomics.

Selon les informations qui ont filtré ces derniers jours, deux appareils seraient prélevés sur ceux qui, en cours d’assemblage, sont destinés à l’armée américaine, afin de pouvoir les mettre en oeuvre au Mali d’ici la fin de cette année.

Cela étant, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a pas confirmé ce scénario, qui reste tributaire d’un avis du Congrès américain, même si, a priori, le Pentagone y est favorable.

Invité de l’émission d’Europe 1 « Le grand rendez-vous », le 19 mai, M. Le Drian est revenu sur ce dossier. « Il nous faut aujourd’hui ces moyens à court terme. Il y a aujourd’hui deux pays au monde qui construisent des drones, les États-Unis et Israël. Nous sommes entrés en discussion avec les uns et les autres pour pouvoir en acquérir immédiatement », a-t-il déclaré au sujet des drones MALE, dont il constaté l’efficacité « en arrivant » à l’Hôtel de Brienne.

Et comme, d’après le ministre lui, les industriels français et européens ne présente pas d’offres dans ce domaine, la solution est donc d’acheter « sur étagères » ces matériels qui font aujourd’hui défaut. « La France a raté le rendez-vous des drones, pour des tas d’histoires, on pourrait en faire un livre, il faut remonter 20 ans en arrière », a-t-il ainsi souligné.

Pour autant, il s’agit également pour M. Le Drian de préparer l’avenir. « Il faut sur ce sujet une solution pérenne. Il faut se préparer construire au niveau européen une nouvelle génération susceptible de remplacer les drones d’observation actuel », a-t-il affirmé.

« Il faut que les industriels français et européens se mettent en relation », notamment avec les « Allemands et les Britanniques » a-t-il encore ajouté, en espérant que la décision d’acquérir des appareils « sur étagère » soit de nature à « provoquer chez les industriels » une « prise de conscience » pour « être au rendez-vous de la future génération » de drones

Pourtant, des initiatives avaient été prises avant l’arrivée de M. Le Drian au ministère de la Défense. Que l’on songe, par exemple, au programme Talarion d’EADS ou encore au projet Telemos, lancé dans le cadre des accords franco-britannique de Lancaster House de novembre 2010 et confié à Dassaut Aviation ainsi qu’à BAE Systems, avec pour point de départ le drone Mantis. Un contrat pour aller plus en avant était attendu en juillet 2012 par les deux industriels. Il attend toujours d’être signé…

Quoi qu’il en soit, le ministre de la Défense a livré une précision intéressante au sujet des drones MALE qui équiperont à court terme l’armée de l’Air : ils ne seront pas armés. « Je précise pour éviter toute confusion parce qu’il peut y en avoir du fait d’un certain nombre de films sur la guerre des étoiles (sic) ou autres, il s’agit de drones d’observation. Il ne s’agit pas de drones armés », a-t-il déclaré. En revanche, il n’a rien dit sur les motivations de cette décision. Est-ce pour éviter un refus du Congrès à l’heure où le programme d’élimination ciblée de l’administration Obama est contesté? Ou est-ce des raisons morales?

Le flottement sur cette question n’est pas nouveau. Ainsi, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères et des Forces armées du Sénat, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud, avait évoqué cette question. « Je dois reconnaître qu’au départ, j’étais contre les drones armés, pour des raisons morales », avait-il affirmé. Avant d’ajouter : « J’ai été convaincu par l’utilisation de ces drones lors des offensives de Benghazi et de Misrata. J’ai changé d’avis. »

Si les appareils contrôlés à distance opérant sous les couleurs françaises ne doivent pas être armés pour des considérations éthiques, alors il faudra se poser des questions sur l’usage que l’on entend faire des futurs drones de combat que la France et le Royaume-Uni souhaitent développer…

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