Quel drone tactique pour les casques bleus déployés au Nord-Kivu?

« La situation au Nord-Kivu est tendue et imprévisible », a affirmé, le 16 mai, le chef de bataillon Vincent Tourny, porte-parole militaire de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco), confirmant des affrontements entre des miliciens Maï-Maï et des soldats congolais qui ont fait 40 tués à Beni, une localité située à environ 250 km de Goma, le 15 mai.

Depuis un an, les groupes de miliciens locaux, souvent désignés par le terme de « Maï Maï », ont proliféré dans cette partie de la République Démocratique du Congo (RDC), riche en ressources minières. Selon le ministre provincial de l’Administration du territoire et des Affaires coutumières du Nord-Kivu, Valérien Mbalutwirandi, ils seraient au moins 27.

La raison est que l’armée du pays et la Monusco ont concentré leurs efforts sur la rébellion armée du mouvement M23, qui, composé d’anciens militaires, serait soutenu par le Rwanda et l’Ouganda.

Et, malgré la présence de plus de 17.000 casques bleus, l’on ne compte plus les exactions commises par ces groupes armés sur la population civile (exécutions sommaires, recrutement d’enfants soldats, viols à grande échelle, pillages, etc). Aussi, en mars dernier, les Nations unies ont adopté, à l’initiative de la France, la résolution 2098, laquelle autorise le déploiement d’une « brigade d’intervention » afin de mener des opérations offensives – une première – pour neutraliser les fauteurs de troubles.

Cette brigade doit compter 3.000 hommes, qui, fournis par la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du Sud, seront répartis dans un bataillon d’infanterie, une compagnie de forces spéciales, un autre de reconnaissance et une dernière d’artillerie. Pour cette missions, les casques bleus disposeront de 3 drones tactiques non armés.

Ces appareils peuvent apporter une réelle plus value pour cette brigade d’intervention, dans la mesure où ils permettront de surveiller d’éventuels mouvements dans une zone donnée ou encore de reconnaître les itinéraires avant l’envoi de patrouilles. Et ce ne sera pas du luxe étant donné que les troupes tanzaniennes et malawites qui seront déployées n’ont pas d’expérience du combat. D’ailleurs, il est à craindre qu’elles soient prises pour cibles par les rebelles qui sévissent au Nord-Kivu. C’est du moins ce qu’estiment les analystes sud-africains.

Ce ne sera pas la première fois que des drones seront utilisés en République démocratique du Congo. Cela avait été le cas en 2006, avec des engins de type Hunter mis en oeuvre par l’EUFOR RDC, la force de l’Union européenne qui y avait été déployée pour sécuriser les élections présidentielles à l’époque. Deux d’entre eux furent perdus : l’un suite à des tirs, l’autre à cause d’une « perte de signal »

Quoi qu’il en soit, il reste à savoir quel type d’appareil sera mis en oeuvre. Au début de cette année, un appel d’offres portant sur la fourniture, pendant 5 ans, de 3 drones et autant de stations de contrôle avait été lancé par les Nations unis. Il a expiré le 12 avril dernier et, pour le moment, peu d’informations ont filtré à son sujet. A priori, ces drones ne seraient pas directement mis en oeuvre par les casques bleus mais par un « contractor ».

Plusieurs sociétés – le nombre de 25 a été avancé – auraient manifesté leur intérêt pour ce contrat, dont Thales UK, qui avait mis à la disposition du contingent britannique déployé en Afghanistan deux Hermes 450 du constructeur israélien Elbit. De même que Selex Galileo, la filiale de Finmeccanica, avec son drone tactique Falco ou encore le constructeur sud-africain Denel et son Seeker II.

Outre la RDC, les Nations unies réflechissent également à déployer des drones en Côte d’Ivoire, où la situation peine à se stabiliser durablement. Là, il s’agirait de surveiller la frontière avec le Libéria, pays où des fidèles jusqu’au-boutiste de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo demeurent actifs.

Mais là, l’utilisation de ces appareils est vue comme un moyen de réduire les effectifs de l’ONUCI sur le terrain. Mais il n’est pas certain que ce soit une bonne idée. « L’utilisation des drones ne devrait pas remettre en question la présence des forces de maintien de paix », a estimé Alex Vines, chef du le programme Afrique chez Chatham House, dans un récent article du quotidien The Guardian.

Par ailleurs, l’emploi de drones au titre de missions de maintien de la paix peut soulever quelques problèmes d’ordre pratique, comme par exemple l’exploitation et l’archivage des téraoctets d’images qui seront obtenues.

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