Une aide financière de 3 milliards d’euros promise au Mali

Coorganisée par l’Union européenne et la France, la conférence qui s’est tenue le 15 mai à Bruxelles a permis de lever plus de 3 milliards d’euros auprès des 108 pays et institutions sollicités afin de financer une grande partie le « Plan pour la Relance durable du Mali », lequel doit permettre de remettre le pays en marche sur la période 2013-2014, et cela, 4 mois après le lancement de l’opération française Serval, visant à en chasser les groupes jihadistes.

Cette conférence, qui marque ainsi l’ouverture de la deuxième phase de la résolution de la crise malienne, avait été jugée cruciale par les sénateurs Larcher et Chevènement, dans un rapport remis le mois dernier concernant les défis de l’après Serval.

Avec une administration décimée au Nord-Mali, la nécessité de rétablir au plus vite des services de base comme l’électricité et l’eau, des milliers de déplacés et des indicateurs sociaux-économique dans le rouge (par exemple, le PIB a reculé de 1,2% en 2012), l’objectif était de récolter au moins de 2 milliards d’euros dans le cadre de cette conférence. Finalement, les sommes promises ont dépassé les espérances.

Dans le détail, la contribution de la France s’élevera à 280 millions d’euros sur 2 ans. Un « effort important à un moment où nous connaissons des difficultés financières », a commenté le président Hollande. Jusqu’à présent, l’aide française au Mali était de 50 millions d’euros par an avant le coup d’Etat du capitaine Sanogo de mars 2012 et la crise politique qui a suivi.

L’Union européenne a quant elle promis 520 millions d’euros tandis que les Etats-Unis pourraient apporter 367 millions de dollars. Le Royaume-Uni et le Danemark auraient proposé 150 millions d’euros chacun. L’enveloppe allemande serait plus modeste, avec tout de même 100 millions d’euros. Le Canada et la Chine vont également apporter leur obole, avec respectivement 60 et 50 millions d’euros.

Du côté des institutions financières, la Banque Mondiale participera à hauteur de 250 millions d’euros environ, de même que la Banque islamique de Développement, dont la contribution devrait être de 130 millions.

Reste à voir maintenant comme ces promesses deviendront réalité. Par exemple, il est probable que l’aide financière américaine ne sera débloquée qu’après les élections prévues en juillet prochain.

« Aucun détail n’a été donné sur la composition de cet engagement (…), malgré nos demandes de précisions. Il est à craindre que, au delà de cet effet d’annonce, la France se contente d’additionner diverses enveloppes d’aide au développement déjà engagées » a, pour sa part, fait valoir l’Oganisation non gouvernementale (ONG) Oxfam. « Il est très probable, poursuit-elle, que la France comptabilise notamment dans ce montant une enveloppe de 150 millions d’euros de fonds déjà engagés ces dernières années (ndlr, gelés suite au coup d’Etat de 2012), composée aux deux tiers de prêts », a-t-elle ajouté.

« Le Mali ne sera pas un nouvel Afghanistan dans la mesure où les rebelles islamistes y ont été vaincus et où ils ne sont pas soutenus par la population », a par ailleurs estimé le président Hollande, à la fin de cette conférence internationale. « Je ne dis pas qu’il n’en reste pas, qu’il n’y a aucun risque, mais il n’y a plus aujourd’hui de combats. Et s’il y encore des attaques ou des attentats, ces processus sont rares, ces événements sont heureusement limités », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que « les terroristes n’ont jamais été bien accueillis » par la population malienne.

Enfin, c’est partiellement vrai car la situation dans la région de Gao, dans le nord-est, est différente du reste du pays, étant donné que l’influence salafiste y est ancienne et que les combattants du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), implanté dans ce secteur, sont souvent d’origine… malienne.

Un point de ressemblance avec l’Afghanistan est la corruption qui règne au Mali. Des dispositions pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de détournements de fonds seront prises, avec notamment un site Internet qui, lancé par la France, devra permettre le suivi des investissements réalisé avec l’aide financière promise.

« Si un projet ne se réalise pas ou est en retard, les gens pourront prévenir par téléphone ou SMS, via une hotline, de ce qui n’a pas encore été fait. Cela permettra aussi de décentraliser le suivi citoyen de l’aide et favorisera l’appropriation par les Maliens des projets », a expliqué Pascal Canfin, le ministre français du Développement.

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