L’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution condamnant le régime de Damas

Une vidéo montrant un chef rebelle, Khalid al Hamad, alias Abu Sakkar, un ancien membre de la brigade Farouk, en train d’arracher le coeur et le foie d’un soldat syrien a suscité une vive indignation. Ce n’est pas la première fois que des images d’exactions commises par les deux camps sont ainsi diffusées via Internet.

« Le conflit prend un tournant encore plus sombre », a constaté Bouckaert, directeur de la section Urgences de l’ONG Human rights watch (HRW), dont les propos ont été rapportés par RFI. « Il y a une augmentation significative des atrocités, des deux côtés, qui réclame un réveil de la communauté internationale », a-t-il ajouté.

Pourtant, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté, le 15 mai, une résolution non-contraignante condamnant « l’escalade continue » des attaques menées les forces syriennes fidèles à Bachar el-Assad ainsi que les « violations flagrantes et systématiques » des droits de l’homme commises par ces dernières.

Ce texte, préparé par le Qatar, salue la création de Coalition nationale de l’opposition, vue comme étant un ‘ »interlocuteur effectif et représentatif nécessaire à une transition politique » et appelle « toutes les parties à cesser immédiatement toute forme de violence, y compris les actes terroristes. »

Initialement, cette résolution avait pour objectif de donner à la Coalition nationale de l’opposition syrienne le siège de la Syrie à l’ONU, comme cela s’est récemment fait au sein de la Ligue arabe. C’était aller trop loin, les consultations préliminaires ayant montré qu’un tel texte n’allait pas obtenir de majorité.

Comme l’on pouvait s’y attendre, la Russie a voté contre, comme d’ailleurs la Chine, l’Iran, Cuba, la Corée du Nord et le Nicaragua. D’autres pays se sont abstenus, dont l’Argentine, le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, l’Uruguay ou encore l’Afrique du Sud. Ainsi, Moscou a critiqué une « résolution partiale » de nature à « compromettre les efforts américano-russes pour organiser une conférence internationale. »

Cela étant, le soutien aux rebelles syriens tend à s’émousser étant donné que cette résolution a obtenu 107 voix alors qu’une précédente, similaire et soumise au vote en août dernier, en avait recueilli 26 de plus. L’une des raisons est sans aucun doute la présence d’éléments jihadistes au sein de l’insurrection syrienne. Mais ce n’est pas la seule.

Pour Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches pour la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO), la Coalition nationale de l’opposition et l’Armée syrienne libre (ASL) n’ont pas vraiment d’autorité sur les 200.000 rebelles qui affrontent les forces de Bachar el-Assad et ses alliés du Hezbollah et qui se répartissent dans des brigades locales sans hiérarchie.

« L’ASL c’est 50 généraux réfugiés en Turquie, qui se rendent aux réunions internationales, mais ils ne se battent pas sur le terrain. Ce ne sont pas des gens très efficaces », a-t-il expliqué au Nouvel Observateur.

Qui plus est, et comme l’on peut l’imaginer avec la présence de salafistes sur le terrain, « les divisions ne sont pas rares. Parfois même, elles sont provoquées par les bailleurs de fonds eux-mêmes », a ajouté Fabrice Balanche. « Par exemple, lorsque les Qataris souhaitent mettre la main sur une brigade, celle-ci propose son aide au plus offrant, quitte à semer le désordre à l’intérieur même d’une brigade », a-t-il expliqué.

L’implication de plus en plus importante du Qatar dans la guerre civile syrienne – l’émirat a même été remercié par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour ses efforts ayant abouti à la libération de 4 casques bleus enlevés sur le plateau du Golan – commence par indisposer d’autres pays arabes, dont la Jordanie, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, lesquels s’en sont plaints auprès de l’administration Obama, en reprochant à Doha ainsi qu’à Anakara, de favoriser les éléments proches d’al-Qaïda, comme l’est le Front al-Nosra.

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