Un drone de l’US Navy à propulsion électrique a volé pendant plus de 48 heures

Afin de frapper plus profondément en territoire ennemi, l’US Air Force envisage d’augmenter d’une dizaine d’heures l’autonomie de ses drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper, laquelle est actuellement de 30 heures lorsque cet appareil est équipé pour des missions ISR (surveillance et renseignement) et d’environ 23 heures lorsqu’il est armé de missiles Hellfire.

« Comme nous nous retirons d’Afghanistan et que nous avons quitté l’Irak, le nombre de bases disponibles est devenu un problème. Or, le pivot dans le Pacifique ainsi que le regain d’intérêt pour l’Afrique nécessitent des drones capables de parcourir de plus longues distances », a expliqué Chris Pehrson, un responsable du constructeur General Atomics, lors d’un entretien accordé en mars dernier à Defense News.

Ainsi, étant donné que les Etats-Unis ne comptent pas disposer de bases permanentes en Afghanistan après la fin de mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) prévue en décembre 2014, il sera désormais plus compliqué de frapper les éléments d’al-Qaïda basés au Pakistan.

D’où l’intérêt de disposer de drones Reaper ER (Extended Range). La solution pour améliorer l’autonomie de ces appareils consiste à allonger leurs ailes ainsi qu’à leur ajouter des réservoirs de carburant amovibles.

Mais il y a sans doute mieux à faire et nul doute que les travaux de l’US Naval Research Laboratory (NRL) seront utiles.

En novembre 2009, ce centre de recherches de la marine américaine avait fait voler le drone Ion Tiger pendant 26 heures et 2 minutes. Jusque-là, rien d’extraordinaire si ce n’est que système de propulsion électrique de cet appareil était alimenté par une pile à combustible.

Cette dernière produit de l’electricité par l’oxydation sur une électrode d’hydrogène (combustible réducteur) et la réduction simultanée, sur une autre électrode, d’un oxydant, en l’occurrence, l’oxygène. Pour que cette réaction chimique puisse se faire, il faut un catalyseur, qui est en général du platine. Cette technologie appliquée à un drone permet de réduire la signature radar de ce dernier et de le rendre plus silencieux tout en présentant des avantages pour la protection de l’environnement.

Depuis, le NRL a grandement amélioré les performances du Ion Tiger étant donné que, en avril dernier, cet appareil a effectué un vol de 48 heures et 1 minute, en utilisant de l’hydrogène liquide (LH2).

« L’hydrogène liquide couplée à la technologie des piles à combustible permet d’élargir l’utilité des petits systèmes sans pilote en augmentant considérablement leur endurance tout en offrant tous les avantages de la propulsion électrique », a expliqué le Dr Karen Swider-Lyons, responsable du programme au NRL.

Cette technologie n’est pour l’instant valable que pour les appareils aux dimensions réduites : le Ion Tiger mesure environ 1,7 mètres de long pour une envergure de 2,5 mètres et peut embarquer 2,5 kg de charge utile. L’on est donc bien loin des caractéristiques d’un Reaper… Mais Boeing, par exemple, a dans ses cartons un projet d’avion « hybride », appelé Sugar Volt, devant fonctionner avec des piles à combustibles et du kerozène. De là à imaginer une application pour les drones, il n’y a qu’un pas.

Photo : Drone Ion Tiger (c) NRL

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]