Pour M. Le Drian, punir les responsables du fiasco Louvois n’est pas la priorité

Invité de BFMTV/RMC, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé, le 8 mai, qu' »aujourd’hui, aucun militaire n’a de manque à gagner par rapport à sa solde » après les dysfonctionnements constatés depuis le raccordement du Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (Louvois) aux systèmes RH de l’armée de Terre, de la Marine nationale et du Service de santé des armées.

Et d’expliquer : « Nous avons mis en place un dispositif de paiement plus ancien et plus artisanal qui permet à chacun de vivre normalement. Le processus de fond n’est pas encore réglé, je m’y emploie pour remédier à ce fonctionnement anarchique et insupportable qui est indigne d’une nation comme la nôtre. Les moyens financiers ont été mis en place pour qu’aucun soldat ne soit en dette et ne soit en difficulté par rapport à sa solde. »

Désormais, la communication du ministère de la Défense à ce sujet porte davantage sur les 106 millions d’euros versés en trop à quelques 70.000 militaires, lesquels auront à rembourser ces sommes, avec les difficulté que l’on imagine pour les déclarations d’impôts…

Seulement, les cas de militaires n’ayant pas perçu l’intégralité des sommes auxquelles ils ont droit (solde, ISC, primes, etc…) restent encore (trop) nombreux. Quant au manque à gagner, il ne se limite pas qu’au simple retard dans le paiement des soldes : les frais bancaires (agios, pénalités, etc) ou encore les taux d’intêrets des emprunts contractés pour faire face à la situation ne seront pas remboursés…

Quoi qu’il en soit, il serait naturel de déterminer les responsabilités dans cette chienlit. Mais pour le ministre de la Défense, la priorité n’est pas, justement, de chercher les responsables de ce fiasco. « Au lieu de perdre du temps à savoir qui punir, j’ai donné une mission à chacun pour mettre fin à cette situation inadmissible », a affirmé M. Le Drian, lors d’un déplacement à l’Ecole nationale des sous-officiers d’active de l’Armée de Terre, à Saint-Maixent, ce 13 mai.

Pour rappel, lors d’une audition houleuse devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, le secrétaire général pour l’administration, Jean-Paul Bodin, a estimé que les responsabilités dans le fiasco de Louvois sont « collectives et touchent autant les services locaux, qui doivent renseigner le système d’information RH, que le sommet de la hiérarchie. »

« Il est essentiel que les responsabilités soient établies. S’il y avait eu de tels dysfonctionnements dans la manœuvre des forces, de lourdes sanctions auraient été immédiatement prises. Par ailleurs, certaines familles sont dans des situations particulièrement difficiles, ce que l’on ne peut accepter », lui avait rétorqué le député Philippe Folliot.

En novembre dernier, la présidente de la même commission, Patricia Adam, avait affirmé que  » Louvois restera dans l’histoire comme un grand ratage de la modernisation de l’État ». Et d’ajouter : « Qu’on bascule la rémunération d’agents de l’État sur un logiciel défaillant est gravissime. J’ai remarqué la tendance de certains à diluer les responsabilités sur ce dossier, voire à mettre en cause la victime, l’armée de terre. Or cette question de la responsabilité est centrale.(…) Je souhaite vivement que l’on puisse très rapidement savoir avec précision comment on a pu faire l’erreur de confier cette administration à un logiciel déficient. La commission de la défense engagera, je pense, des investigations de son propre chef. »

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