Du mouvement en vue dans l’industrie française de l’armement?

L’équation de la prochaine Loi de Programmation Militaire, telle que définie par le dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN), repose sur des recettes exceptionnelles tirées notamment de la vente d’actifs que l’Etat détient dans certains groupes de l’armement. Ce qui suppose quelques mouvements capitalistiques au sein de cette industrie.

Ainsi, d’après Defense News, qui s’appuie sur une source « proche du dossier », deux opérations seraient actuellement envisagée. La première concernerait DCNS tandis que la seconde intéresse Nexter, dont l’avenir inquiète les syndicats.

« Des recettes exceptionnelles sont nécessaires et DCNS pourrait en constituer une partie », a confié la source de Defense News. Actuellement, 35% capital du groupe naval est contrôlé par Thales. Aussi, l’idée serait de vendre à ce dernier les 65% des parts restantes, détenues par l’Etat.

Cela permettrait de faire entrer dans les caisses entre 1,5 et 2 milliards d’euros, ce qui comblerait le besoin en financement de 1,8 milliards d’euros pour boucler le budget de la Défense en 2014, tout en ayant un oeil sur l’avenir de DCNS étant donné que l’Etat détient 27% du capital de Thales. Seulement, il faudra trouver un terrain d’entente avec l’actionnaire industriel de référence du groupe, à savoir Dassault, lequel voudra certainement revoir le statut des ouvriers d’Etat du constructeur naval.

En outre, Thales et DCNS sont concurrents sur certains segments, comme celui des systèmes de combat naval (CMS). Une autre interrogation pourrait porter sur l’avenir de la trésorerie (2 milliards d’euros) du constructeur naval, la question étant de savoir si l’électronicien ne sera pas tenté de l’utiliser pour améliorer ses bilans et ainsi mettre en péril les projets de diversifications dans les énergies renouvelables.

Cela étant, il faudra avant que Thales ait les moyens d’acquérir les 65% du capital de DCNS. Selon ses résultats officiels communiqués en février dernier, le groupe dispose d’une trésorerie de 1,5 milliards d’euros, ce qui peut paraître encore léger pour faire du constructeur naval l’une de ses filiales, sauf à s’endetter.

Quant à l’autre opération, elle tient du serpent de mer. Il s’agirait de constituer un « EADS de l’armement terrestre » et d’établir un « partenariat solide » entre Nexter et le groupe allemand Krauss-Maffei Wegmann, le constructeur du char Leopard 2. Il en était déjà question il y a 6 ans… sans pour autant qu’un quelconque accord n’ait été trouvé depuis. En tout cas, si ce projet se concrétise, il pourrait attirer l’italien Oto Melara, qui recherche aussi un partenaire en Europe.

La consolidation de l’industrie européenne de l’armement terrestre semble être une nécessité en ces temps de réduction des budgets militaires sur le Vieux Continent. Et les poids lourds du secteur que sont BAE Systems et General Dynamics Land Systems Europe connaissent des difficultés.

Cela étant, pour qu’un rapprochement entre Nexter et KMW puisse avoir lieu, encore faudrait-il trouver un terrain d’entente avec Berlin. Par le passé, il semblerait que le gouvernement allemand n’ait pas montré un enthousiasme débordant à cette idée. Qui plus est, il faudrait également ouvrir le capital du groupe français. Or, les syndicats CGT et CFDT n’y sont pas favorables.

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