Le régime syrien soupçonné d’être à l’origine d’un double attentat commis en Turquie

La ville de Reyhanli, située dans le sud-est de la Turquie et à 8 kilomètres d’un important poste-frontière avec la Syrie, a été le théâtre, le 11 mai, d’un double attentat à la voiture piégée qui a fait 43 tués et de nombreux blessés.

Deux véhicules ont en effet explosé aux environ de 10h55 GMT devant la mairie et la poste de cette localité de la province de Hatay, laquelle accueille de nombreux réfugiés syriens ayant fui le conflit qui ensanglante leur pays depuis mars 2011. Des dégâts considérables – s’étendant sur 3 pâtés de maisons – ont été constatés.

Par le passé, la Turquie a été la cible d’attentats particulièrement meurtriers, comme en novembre 2003, avec ceux commis à Istanbul contre des synagogues, le consulat britannique ainsi qu’un immeuble de la banque HSBC et revendiqués par le Front islamique du Grand Orient, une organisation islamiste turque, la piste d’une action menée par un groupe proche d’al-Qaïda ayant toutefois privilégiée. Le PKK, un mouvement indépendantiste kurde, a également été responsable de plusieurs actes terroristes. Mais ce dernier a récemment mis fin à plus de 30 ans d’hostilités avec Ankara.

Sans attendre la fin d’un enquête qui permettrait d’établir les responsabilités dans le double attentat de Reyhanli, certains responsables, à Ankara, soupçonnent le régime syrien d’avoir été à la manoeuvre, la Turquie ayant pris fait et cause pour les rebelles opposé à Bachar el-Assad. Il fait partie des « suspects », a ainsi affirmé Bülent Arinç, le vice-Premier turc.

Déjà, le 11 février dernier, Ankara avait déjà accusé le régime de Bachar el-Assad d’être le commanditaire d’un attentant ayant fait 17 morts et 30 blessés à Cilvegözü, localité située en face du poste-frontière syrien de Bab al-Hawa, lequel est aux mains de rebelles syriens depuis l’été 2012.

« Nous savons que les gens qui ont trouvé refuge dans la province d’Hatay sont devenus des cibles pour le régime syrien », a-t-il expliqué. « Nous pensons à eux (aux Syriens) comme des à suspects évidents lorsqu’il s’agit de fomenter une attaque aussi horrible », a encore poursuivi Bülent Arinç, à la télévision turque. « Avec leurs services de renseignements et leurs groupes armés, ils font certainement figure de suspects habituels pour la mise en oeuvre et davantage encore pour l’instigation d’un plan aussi démoniaque », a-t-il insisté, en soulignant, cependant, que l’enquête ne faisait que commencer.

Pour le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, il n’y a pas de hasard. « Que cela se produise à une période où dans le monde entier il y a une accélération des efforts sur la Syrie, une accélération concernant une résolution (du conflit), n’est pas une coïncidence », a-t-il affirmé depuis Berlin, où il est en visite officielle, en faisant référence aux efforts diplomatiques des Etats-Unis et de la Russie visant à trouver une issue à la guerre civile syrienne.

Quant au Premier turc, Recep Tayyip Erdogan, il s’est montré moins catégorique, en évoquant le dossier kurde. « Nous entrons dans des périodes délicates, nous avons ouvert une nouvelle page, le processus de résolution de la question kurde. Il se pourrait bien que ceux qui ne peuvent pas supporter cette nouvelle ère (…) se livrent à de tels actes », a-t-il affirmé.

Mais il n’a pas non plus écarté la piste syrienne. « Autre question sensible, la province de Hatay est située à la frontière avec la Syrie, et ces actes pourraient avoir été commis pour fragiliser la situation », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, le régime syrien a démenti, ce 12 mai, toute responsabilité dans ce double attentat. « La Syrie n’a pas commis et ne commettra jamais un tel acte car nos valeurs ne nous le permettent pas », a déclaré Omrane al-Zohbi, le ministre syrien de l’Information.

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