Nouvelles tensions entre le Pakistan et l’Afghanistan

Déjà aux prises avec une insurrection qui vient de lancer sa traditionnelle offensive de printemps, l’Afghanistan a actuellement des relations pour le moins compliquées avec son voisin pakistanais.

Ce n’est pas nouveau. Considérant que le territoire afghan devait lui être acquis pour notamment disposer d’une profondeur stratégique face à l’Inde, Islamabad avait encouragé, dans les années 1990, le mouvement taleb à prendre le pouvoir à Kaboul.

Et depuis 2001, année de l’intervention internationale emmenée par les Etats-Unis, les taliban ont pu se réfugier au Pakistan, d’où ils lancent leurs opérations en Afghanistan. Mieux même : ils seraient soutenu par l’ISI (Inter-Services Intelligence), les services de renseignement pakistanais.

Ce n’est que très récemment que les relations entre les deux pays se sont réchauffées timidement. Mais pas pour longtemps, un incident frontalier ayant, le 26 mars dernier, jeté un froid. Accusant l’armée pakistanaise d’avoir procédé à des tirs d’artillerie ayant atteint la province afghane de Kunar, Kaboul a annulé la visite d’une délégation militaire à Quetta en guise de protestation.

Mais, dans le même temps, l’ISI a produit un rapport dans lequel les autorités afghanes étaient accusées, à leur tour, de soutenir le mouvement taleb pakistanais (TTP), responsable d’une vague d’attentats et de meurtres au Pakistan lancée en 2007. « Le soutien fort aux mécréants via des approvisionnements d’armes, l’entraînement et le financement d’éléments anti-pakistanais, venant en particulier de l’autre côté de la frontière, est l’un des principaux facteurs de croissance des militants », a en effet estimé le puissant service de renseignement.

Le 2 mai dernier, un nouvel incident a cristallisé les tensions entre les deux pays, chacun accusant l’autre d’être à l’origine d’un échange de coups de feu à la frontière (la Ligne Durand, ndlr), près de la province afghane de Nangarhar. Difficile de dire qui a raison. La seule certitude est qu’un policier afghan y a laissé la vie et que deux membres des forces de sécurité pakistanaises ont été blessés…

Cela étant, le Pakistan n’a pas manqué de protester et de convoquer le chargé d’affaires afghan en poste à Islamabad. De son côté, Kaboul a dénoncé la mise en place d’infrastructures pakistanaises empiétant sur son territoire.

Seulement, les choses ne se sont pas calmées. Loin de là. Le 6 mai, de nouveaux affrontements, à coup de tirs de mortier ont de nouveau eu lieu dans la province de Nangarhar.

« Le problème de cette construction à la frontière doit être résolu par nos gouvernements. Mais les troupes pakistanaises sont revenues aujourd’hui (6 mai) sur le site de construction, ce qui a provoqué des combats » a expliqué le porte-parole du gouverneur de la province afghane.

Selon un officier pakistanais, dont les propos ont été rapportés par l’AFP, les troupes afghanes auraient ouvert le feu « au mortier et à l’arme automatique en direction du poste pakistanais de Gursal, dans la zone tribale pakistanaise de Mohmand. » « Nos troupes ont alors riposté », a-t-il expliqué.

Quoi qu’il en soit, ces affrontements semblent attiser la colère des civils afghans. Des milliers d’entre eux ont ainsi manifesté à Kaboul et à Khost, d’après des journalistes de l’AFP sur place, en scandant des slogans hostiles au Pakistan. Ce qui peut paraître surprenant (sauf pour les lecteurs de Michael Barry), tant il a été dit que l’appartenance à la même éthnie pachtoune, répartie de part et d’autre de la Ligne Durand, prenait le pas sur tout sentiment national.

En tout cas, le président afghan, Hamid Karzaï, n’entend rien cédér. Le 4 mai, il a même réaffirmé que son pays refusait de reconnaître le tracé de la Ligne Durand, établie en 1893 par un officier britannique du même nom. A Islamabad, on lui a répondu que cette affaire de frontière était « close », en déplorant « les déclarations comminatoires et provocantes de la part des responsables afghans. »

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