La Marine royale canadienne joue de malchance avec ses sous-marins

L’on croit parfois faire de bonnes affaires et au final, l’on se rend compte que l’on aurait mieux fait de s’abstenir. C’est le cas de la Marine royale canadienne, qui, en 1998, a acquis auprès du Royaume-Uni 4 sous-marins à propulsion classique de la classe Victoria pour 750 millions de dollars. Ces bâtiments avaient été désarmés 4 ans plus tôt par la Royal Navy.

Une bonne affaire, en apparence. Sauf que, depuis leur acquisition, ces 4 sous-marins ont passé plus de temps à quai qu’en mer, étant donné qu’ils n’ont navigué à peine plus d’un millier de jours. Le coût d’une journée passée en mission s’élève ainsi à 700.000 dollars, en prenant en compte les dépenses liées à leur achat, leur remise en état, leurs réparations et leur entretien.

Un programme pour les remettre à niveau a été lancé par Ottawa. A grand frais. Par exemple, il a fallu débourser 209 millions de dollars pour le NSCM Windsor, qui sort d’un grand carénage après 5 ans d’immobilisation. A ce tarif, l’on pourrait s’attendre à ce que ce sous-marin soit pleinement opérationnel.

Or, d’après CBC News, ce n’est pas le cas. A cause d’un générateur diesel défectueux, le NSCM Windsor, remis à l’eau il y a tout juste un an, n’est pas en mesure d’accomplir tout le spectre de missions dont il est attendu de lui. « Nous avons dû le limiter en rayon d’action et en autonomie », a expliqué le capitaine de vaisseau Cassivi, le directeur de la force sous-marine canadienne. En clair, tant que la réparation ne sera pas faite, le sous-marin ne pourra naviguer que près des côtes.

« C’est une panne inattendue, et c’est pourquoi nous avançons dans le processus d’investigation », a poursuivi l’officier, en précisant que le détail des restrictions restent « classifiés ». Et d’ajouter : « Nous prévoyons d’effectuer les réparations dès que les pièces détachées seront disponibles. »

Pour le moment, un seul sous-marin canadien est pleinement opérationnel. Il s’agit du NSCM Victoria, lequel a été en mesure, l’été dernier, de couler un navire désarmé , à l’occasion de l’exercice RIMPAC 2012.

Quant aux deux autres, ils sont encore en réparation. Le NCSM Chicoutimi pourrait toutefois devenir opérationnel d’ici la fin de l’année. Son carénage est plus compliqué, et donc plus coûteux, que pour les autres sous-marins, notamment à cause des dégâts provoqués par un incendie qui s’était déclaré à bord en 2004, lors de sa première mission sous pavillon canadien. Un marin y avait perdu la vie.

Enfin, le NCSM Corner Brook ne devrait pas reprendre la mer de sitôt. Ayant touché le fond de l’océan dans la baie de Nootka, au large de la Colombie Britannique, lors d’un entraînement en juin 2011, il est actuellement en réparation (coût : plus de 200 millions de dollars) jusqu’en 2016, année où le NSCM Victoria sera à nouveau immobilisé…

Ce faible taux de disponibilité des sous-marins canadiens n’est pas sans incidence sur les effectifs des sous-mariniers. En novembre 2011, le vice-amiral Paul Maddison, alors commandant de la marine royale canadienne, avait avancé le chiffre de seulement 80 marins aptes à servir à bord de submersibles. Et un rapport interne, publié au début de l’année 2012, s’inquiétait de la capacité de la marine à former à temps assez de personnels.

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