Nouveau plan social en vue dans les armées : 24.000 postes seront supprimés (MàJ)

Jour J pour le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN), dont la rédaction aura pris 9 mois. Ce document de référence, qui fixe les grandes orientations stratégiques de la France, ne devrait pas remettre en cause les fondamentaux de la politique de défense française mais prendre en compte le basculement des Etats-Unis vers l’Asie-Pacifique, les changements induits par les révoltes arabes de 2011 et… la crise économique.

Les recommandations du LBDSN serviront ensuite à préparer la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2014-2019, laquelle sera examinée par le Parlement l’automne prochain. D’après Les Echos, il serait question d’allouer aux armées 179,2 milliards d’euros sur cette période, ce qui permettrait, peu ou prou, de conserver l’essentiel des capacités, comme celle, par exemple, d’entrer en premier sur un théâtre d’opérations ou encore d’assurer la dissuasion nucléaire, qu’elle soit océanique ou aéroportée.

Pour rappel, le précédent Livre blanc recommandait un budget global de 377 milliards d’euros sur 12 ans et de porter l’effort de défense à 2% du PIB, gendarmerie et pensions comprises, d’ici 2020. Cette équation reposait sur la suppression de 54.000 postes sur une période de 6 ou 7 ans ainsi que sur des recettes exceptionnelles, lesquelles ne sont pas entrées dans les caisses en temps et en heure. Et, au bout du compte, qui plus est avec les effets de la crise, cette trajectoire financière n’a pas été respectée.

Or, sur ces 179,2 milliards promis à la Défense, 4,5 milliards devront provenir une nouvelle fois de recettes exceptionnelles, tirées de la vente de fréquences, d’actions d’entreprises du secteur de l’armement et de biens immobiliers. Le souci est que ces dernières sont aléatoires, ce qui rend également cette construction budgétaire incertaine. Il va falloir donc croiser les doigts pour que ce plan puisse se dérouler sans accroc, faute de quoi, cette construction budgétaire s’écroulera, et le modèle d’armée avec…

En outre, même si les ressources qu’il est prévu d’accorder aux armées devraient être juste suffisantes pour permettre à ces dernières de sauver théoriquement les meubles, le ministère de la Défense devra quand même supprimer 24.000 postes supplémentaires à partir de 2016 et jusqu’en 2019. Soit l’équivalent de presque 20 régiments de 1.200 hommes et de trois fois le plan social présenté par Peugeot. Au total, en 10 ans, les effectifs des armées auront fondu de 78.000 hommes.

La répartition des suppressions de postes sera décidée lors de l’élaboration de la prochaine LPM. Mais l’armée de Terre, qui a les effectifs les plus nombreux, devrait être la plus touchée. « Nous atteignons un seuil. Pour la première fois de l’histoire, nous sommes moins de 100.000 dans l’armée de Terre. Nous sommes conscients des réalités économiques et il est légitime que nous participions à l’effort national. Mais attention au seuil qui est peut-être un étiage », avait prévenu, en septembre dernier, le général Bertrand Clément-Bollée, à la tête du Commandement des Forces Terrestres (CFT).

Pour l’armée de l’Air, qui devait perdre 25% de ses effectifs sur la période 2008-2015, cela s’annonce tout aussi compliqué. « Les derniers milliers de postes à supprimer sont évidemment les plus difficiles à trouver; aussi éprouvons-nous beaucoup de mal à le faire, surtout après des décisions telles que la réintégration dans le commandement intégré de l’OTAN ou l’ouverture d’une base aux Émirats Arabes Unis, et compte tenu de volontés réformatrices qui sont peut-être allées au-delà du raisonnable », avait déclaré son ancien chef d’état-major, le général Jean-Paul Palomeros, en juillet 2012.

Pour la Marine nationale, qui a besoin de spécialistes difficiles à recruter, des suppressions d’effectifs supplémentaires poseront également de gros problèmes. « Après la réduction de 6 000 personnes (…), nous sommes confrontés à la gestion de ces micro-populations qui nous oblige à faire du micro-management. Cette contrainte va encore s’accroître avec l’arrivée des bâtiments modernes : les équipages des FREMM comporteront 95 personnes, contre 330 pour les frégates des années 1970, ce qui exigera une grande spécialisation. (…) Si l’on nous demandait des réductions d’effectifs supplémentaires, la situation pourrait devenir grave car je ne sais pas si nous arriverions encore à gérer l’ensemble de ces micro-populations », expliquait l’amiral Bernard Rogel, son chef d’état-major, lors d’une audition, l’été dernier, devant les députés de la commission « Défense ».

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