Mali : Des casques bleus sous commandement tchadien?

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, le 25 avril, la résolution 2100 portant sur la création de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), appelée à prendre le relai, d’ici juillet prochain et si les conditions de sécurité le permettent, de la Mission de soutien au Mali (MISMA), fournie par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Cette mission des Nations unies comptera plus de 12.000 casques bleus. Pour le moment, l’on sait que 150 militaires français en feront partie pour être principalement affectés à son état-major et qu’elle sera constitué à partir des effectifs de la MISMA déjà présents au Mali.

Seulement, à la mi-avril, le parlement tchadien est allé dans le sens souhaité par le président Idriss Deby Itno en votant le retrait de son contingent fort de 2.000 hommes du Mali.

Cette décision a surtout été motivée pour des raisons financières, l’implication tchadienne aux côtés des forces françaises dans les combats contre les groupes jihadistes dans l’Adrar des Ifoghas ayant coûté 87 millions d’euros à N’Djamena. Une somme qui s’ajoute malheureusement aux pertes humaines, 36 soldats tchadiens ayant perdu la vie au cours de cet engagement.

Seulement, ce retrait militaire, pourtant voté, ne se fera certainement pas pour la simple raison que le président Déby a récemment fait savoir que son pays était prêt à mettre des soldats à la disposition des Nations unies si elles en faisaient la demande. Mais ce que vise surtout le Tchad, fort du crédit obtenu par l’attitude de ses troupes aux côtés des forces françaises, est le commandement de la MINUSMA. Ce que Paris semble souhaiter également.

« La décision de l’ONU de mettre en œuvre des casques bleus nous a amenés à évoquer ensemble avec le président Déby la manière dont le Tchad continuera à intervenir au Mali par le biais de cette force, et puis la manière dont la France continuera a veiller à la sécurité du territoire malien », a ainsi expliqué, le 27 avril, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, alors en visite à N’Djamena.

« Etant donné l’importance de l’engagement du Tchad dans la Mission internationale de soutien au Mali et le nombre des soldats, leur courage et leur détermination dans les combats qui ont eu lieu, il est logique que le Tchad assure des responsabilités », a-t-il ajouté, rappelant que le « le Tchad est le seul pays de qui la France a reçu une aide, une contribution concrète. »

La veille, lors d’un entretien accordé à RFI, Jean-Yves Le Drian s’était montré plus explicite. A la question de savoir la France allait appuyer la demande du Tchad auprès de l’ONU pour obtenir le commandement de la MINUSMA, le ministre avait répondu « c’est tout à fait ça. »

« Nous souhaitons que les Tchadiens fassent partie de la future force des Nations unies. Ils ont montré leur courage, leur détermination, leur compétence aussi. C’est une force armée structurée, bien organisée. Leur place est donc évidemment au sein de cette force des Nations unies qui va se mettre en place. S’ils demandent à diriger cette force, nous n’y voyons pas d’inconvénient. Mais cette réponse-là ne nous appartient pas directement, mais appartient au secrétaire général des Nations unies. Mais en ce qui nous concerne, nous verrions cette initiative d’un bon œil », avait-il auparavant affirmé.

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