Le général (2S) Philippe Schmitt insulté par le Syndicat de la Magistrature

« Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet », dixit Georges Courteline. Mais il y a des plaisirs dont on se passerait bien… Ainsi, le site d’informations Atlantico a révélé, le 23 avril, l’existence d’un « mur des cons » dans un local du Syndicat de la Magistrature, qui, classé à gauche, représente un tiers des magistrats.

Sur ce murs figurent donc, souvent affublés de commentaires désobligeants, les adversaires désignés de cette organisation, dont des personnalités politiques (Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie, Edouard Balladur, Christian Jacob, etc), des éditorialistes (Eric Zemmour, Yves Thréard, Béatrice Schoenberg,… ), des essayistes (Alexandre Adler, Guy Sorman, Alain Minc)…

L’existence de ce « mur des cons » a suscité une vive indignation. « Ce mur de la honte constitue une faute grave qui autorise à s’interroger sur les messages – voire les consignes – que le Syndicat de la Magistrature est susceptible de faire passer à ses adhérents (…) Et révèle à quel point les critères politiques peuvent entrer en ligne de compte », écrit Atlantico.

« Le Mur des cons permet de mieux décrypter la jurisprudence et jette un nouvel éclairage sur moult décisions de justice », poursuit encore le site qui s’interroge, à ce titre, sur le fait de savoir « pourquoi le le général Aussaresses est condamné pour ‘apologie de crime de guerre’ lorsqu’il évoque ses mémoires de la guerre d’Algérie alors qu’un groupuscule d’extrême-gauche est relaxé après avoir publiquement souhaité la mort de soldats français en Afghanistan. »

Mais plus choquant encore est la présence, sur ce « mur des cons », de portrait de parents de victimes. Ainsi, y figurent aussi en bonne place Jean-Pierre Escarfail, père d’une victime du tueur en série Guy Georges, et le général (2S) Philippe Schmitt, dont la fille, Anne-Lorraine, dont le nom a été donné à un prix délivré par l’Association des journalistes de défense (AJD), a été assassinée en 2007 dans le RER D par Thierry Devé-Oglou, précédemment condamné à une peine de 5 ans de prison dont 2 avec sursis pour avoir violé une jeune femme.

Les deux hommes ont en commun de remettre en cause le fonctionnement de la justice au sujet des récidivistes. Le premier est actuellement le président de l’Association pour la protection contre les agressions et les crimes sexuels (APACS) tandis que l’ancien militaire s’était un temps investi au sein de l’Institut pour la justice.

« Je me suis permis de critiquer la façon de faire de magistrats. Je me suis élevé contre le laxisme de la justice française et l’irresponsabilité de magistrats qui remettent en liberté des récidivistes, alors qu’ils n’ont même pas fini leur peine », a expliqué le général Schmitt au Courrier Picard.

« Je suis scandalisé. À travers moi, c’est un peu mon histoire familiale qui est visée. On crache sur ma fille. C’est insupportable », a-t-il réagi, avant d’annoncer son intention de porter plainte. « Avec mon avocat, on étudie la procédure la plus adéquate. Il y a un minimum de dignité à avoir quand on rend la justice au nom du peuple français. Qu’est-ce que ces gens font dans la magistrature ? », a-t-il ajouté..

« Humour de potache ou dérapage inacceptable? » interroge le quotidien Le Monde. Imaginons qu’un tel « mur de cons » ait été trouvé dans le local d’un syndicat de magistrat proche de l’opposition : l’on peut parier que les « heures les plus sombres de notre Histoire » auraient été convoquées séance tenante, et à juste titre. Mais disons le tout net : une « connerie », qu’elle soit de droite ou de gauche, reste une connerie.

Quand l’on a la lourde charge de rendre la justice au nom du peuple français, que l’on a passé l’âge des gamineries (sinon, c’est sans doute encore plus inquiétant) et que l’on épingle les portraits de parents qui, ayant la douleur d’avoir perdu un enfant à cause d’un criminel récidiviste, osent demander des comptes à la justice, il est indécent de parler « d’humour de potache ».

La présidente du SM, Françoises Martres, ce trombinoscope, qui s’apparente quand même à une liste des personnalités à « abattre », n’est autre qu’un « défouloir » situé dans un « local privé ». Ce mur « est une action de potaches » et « il a été fait sous l’ère Sarkozy, quand les magistrats étaient attaqués de toutes parts », a-t-elle ajouté, avant de préciser que les images diffusées par Atlantico ont été « prises à notre insu, dans un lieu privé qui n’est pas accessible au public » (mais toutefois situé dans une enceinte du ministère de la Justice, ndlr).

Cela étant, ces « potaches » devraient méditer cette maxime populaire : « on est toujours le con d’un autre ».

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