Faut-il revoir le dispositif militaire français en Afrique?

« La France n’a pas vocation à être militairement présente en permanence sur les mêmes bases. (…) La France procédera donc à la conversion progressive de ses implantations anciennes en Afrique, en réorganisant ses moyens autour, à terme, de deux pôles à dominante logistique, de coopération et d’instruction, un pour chaque façade, atlantique et orientale, du continent, tout en préservant une capacité de prévention dans la zone sahélienne », préconisait le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) publié en juin 2008.

Depuis, la France a remis à plat les accords de défense la liant avec 8 de ses anciennes colonies en Afrique. Deux bases permanentes ont été conservées (Gabon et Djibouti) tandis qu’un pôle de coopération régional a succédé aux Forces françaises du Cap-Vert au Sénégal.

Un temps menacés par le président tchadien, Idriss Deby, qui estimait ne pas récolter assez de royalties liés à leur présence à N’Djamena, les Eléments français au Tchad (EFT, Epervier) ont cependant été maintenus, de même que la force Licorne, en Côte d’Ivoire, avec cependant un format réduit depuis l’intervention d’avril 2011 menée dans le cadre d’un mandat des Nations unies afin de faire respecter les résultats de la dernière élection présidentielle organisée dans ce pays quelques mois plus tôt.

En outre, un contingent français est toujours présent en Centrafrique, pays dont les soubresauts (encore récents) nécessitent parfois l’envoi ponctuel de renforts. Et pour être complet, il ne faut pas oublier le détachement de forces spéciales déployées au Burkina Faso au titre de l’opération Sabre.

Seulement, ce sont justement parce que des forces françaises étaient prépositionnées au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina et au Tchad que la montée en puissance de l’opération Serval a pu être aussi rapide.

« On ne peut qu’être frappé du décalage entre les postures formulées dans les documents de réflexion stratégique et la réalité. La réalité, c’est que rien n’aurait été possible sans ‘Licorne’, sans ‘Épervier’ , sans ‘Sabre’. Aucun de ces dispositifs ne figure pourtant expressément au rang des bases prépositionnées du Livre blanc de 2008, qui ne prévoyait qu’une base par façade maritime africaine », ont souligné les sénateurs Jean-Pierre Chevènement et Gérard Larcher dans leur rapport remis la semaine passée. « Sans point d’appui sur le sol africain, disposerait-on de la même réactivité, de la même expertise, bref, de la même efficacité? », se sont-ils interrogés.

Et, constatant « l’échec des architectures africaines de sécurité, celui de l’européanisation, mais aussi, d’une certaine façon, l’échec de notre coopération militaire structurelle, en particulier avec le Mali », les deux parlementaires posent d’autres questions au sujet de l’avenir du dispositif militaire français en Afrique.

« Les forces prépositionnées qui ont été si décisives, ont-elles vraiment vocation à évoluer, sous l’effet des restrictions budgétaires et de l’arrivée (enfin !) des capacités de transport stratégique, vers de simples plates-formes logistiques, plus légères? Comment construire des relations bilatérales qui permettent d’éviter que nos forces ne soient un recours à chaque nouvelle crise? Quel avenir pour la sécurité sur un continent dont on ne peut aujourd’hui que constater la faiblesse de ses armées? », ont-ils écrit. Le prochain LBDSN répondra-t-il à ces question? Réponse le 29 avril prochain…

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