Projet d’attentat déjoué contre une ligne ferroviaire au Canada

Quelques jours après la neutralisation des deux frères d’origine tchétchène reponsables de l’attentat commis lors du marathon de Boston (3 morts, 180 blessés), un complot terroriste visant cette fois la ligne Toronto-New York a été déjoué au Canada, le 22 avril.

Ainsi, Chiheb Esseghaier, 30 ans, résidant à Montréal, et Raed JAser, 35 ans, habitant à Toronto, ont été arrêtés par la Gendarmerie royale canadienne (GRC) et inculpés pour « complot en vue de commettre un attentat terroriste » et « complot (…) sous la direction d’un groupe terroriste. »

Les deux suspects, dont l’un aurait le nationalité tunisienne et l’autre serait d’origine palestinienne avec un passeport des Emirats Arabes Unis, ont été interpellés à Toronto, dans l’Est du Canada, dans le cadre d’une enquête lancé il y a plus d’un an et menée en coopération avec le FBI américain. Selon les autorités canadiennes, ils avaient l’intention de commettre un attentat contre un train de passagers.

« Ils ont surveillé des trains et des rails de la région de Toronto », a indiqué un responsable canadien, sans donner d’autres précisions. D’après les médias locaux, les deux hommes visaient la ligne Toronto-New York. A priori, les deux suspects effectuaient encore des préparatifs et leur passage à l’acte n’était donc pas imminent.

D’après CBC, qui s’appuie sur des sources au sein des services de renseignement, ce projet d’attentat qualifié de « majeur » n’a aucun lien avec celui commis à Boston. Mais ce qui peut sans doute le plus intriguer dans cette affaire est que, selon la GRC, les deux suspects « recevaient du soutien d’éléments d’al-Qaïda se trouvant en Iran », en particulier « des ordres et des conseils. »

A première vue, qu’une organisation sunnite prônant le jihad international ait des représentants en Iran, pays où l’islam chiite est religion d’Etat, peut surprendre. Et cela d’autant plus qu’al-Qaïda – ou du moins les groupes qui s’en réclament – s’en prend régulièrement aux chiites, notamment en Irak.

Pourtant, la théocratie chiite et al-Qaïda ont des détestations communes, comme l’Occident et Israël. Et selon l’adage « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », une collaboration de raison a vu le jour dans les années 1990, via le Hezbollah, quand Oussama ben Laden se trouvait au Soudan. « Plusieurs pays ne doivent pas être visés par nos opérations, la Syrie et l’Iran notamment, car ils sont des points de passage pour les djihadistes en route vers nos camps en Afghanistan », aurait dit ce dernier, si l’on en croit son ancien garde du corps, Nasser al-Bahri.

Après les attentats du 11 septembre 2001, plusieurs responsables d’al-Qaïda, dont Saïf al-Adel, le chef de la sécurité, et Abou Mohammed al-Masri, expert en explosifs, qui avaient des contact avec les gardiens de la révolution iranienne (Pasdarans), s’exfiltrèrent de Kandahar (Afghanistan) vers l’Iran, suivis par plusieurs membres de la famille de Ben Laden, dont ses deux fils – Saad et Othman – qu’il estimait les « plus précieux » à ses yeux. Seulement, ils furent placés en résidence surveillée par Téhéran.

En 2003, le régime iranien, tout heureux de voir que Washington s’attachait à faire chuter Saddam Hussein, son ennemi de toujours, était prêt à les remettre aux Etats-Unis en échange de militants appartenants aux Moudjahidines du peuple. Mais le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, refusa, considérant que l’alliance avec les opposants iraniens était plus importante pour des actions futures, notamment en cas d’opération contre le programme nucléaire mené par Téhéran.

Finalement, une partie de ces cadres d’al-Qaïda furent relâchés en décembre 2010. Mais visiblement, d’autres responsables restèrent en Iran, si l’on en croit le Trésor américain, qui, un an plus tard, prit des sanctions à l’égard de 6 responsables de l’organisation terroriste, dont un certain Ezedin Abdel Aziz Khalil, de nationalité syrienne, pour leurs relations avec Téhéran.

Pour autant, rien ne permet de dire que les deux hommes arrêtés à Toronto aient été aux ordres du régime iranien. D’ailleurs, la GRC a bien pris soin de le préciser, sans toutefois s’étendre sur ce sujet.

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