Le déploiement d’une brigade d’intervention des Nations unies au Nord-Kivu est « imminent »

Depuis des années, le province du Nord-Kivi, riche en ressources minières, est le théâtre de combats incessants entre groupes armés et forces régulières. Après une brève accalmie, les violences sont reparties de plus belle avec la création du M-23, un mouvement rassemblant d’anciens rebelles tutsis du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Les influences extérieures – dont celles venant du Rwanda et de l’Ouganda – ne sont pas étrangères à la destabilisation de cette région de la République démocratique du Congo (RDC).

En outre, la présence de la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo), forte de plus de 17.000 hommes, n’empêche pas les exactions à grande échelle (viols, exécutions sommaires, pillages, recrutements forces, enfants soldats) commises sur la population civile.

Aussi, le 28 mars dernier, et à l’initiative de la France, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2098, laquelle vise à déployer en RDC une « brigade d’intervention » au sein de la MONUSCO. Le texte – et c’est une première – prévoit que cette force puisse mener des « opérations offensives », de manière « solide, ultramobile et versatile » afin de « neutraliser » les groupes armés et « empêcher leur expansion. »

Cette brigade devrait compter un peu plus de 3.000 hommes fournis par l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Malawi. « Chaque pays va contribuer à envoyer un bataillon d’infanterie de 850 soldats, ce qui fait 2.550 hommes. Il reste 519. Ces 519 sont répartis en une compagnie d’artillerie, une compagnie de forces spéciales et une compagnie de reconnaissance », a expliqué, la semaine passée, Madnodje Mounoubai, porte-parole de la Monusco, qui a également précisé que le commandement de cette force reviendrait à un général tanzanien.

Restait alors à savoir quand cette brigade d’intervention allait être déployée. Selon le général Babacar Gaye, conseiller militaire auprès du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU (DOMP), ce devrait être « imminent. » Mais encore faut-il s’accorder sur les termes.

Interrogé par Radio Okapi, le général Gaye n’a donné aucune date précise concernant le début du déploiement de cette brigade d’intervention, si ce n’est qu’elle sera « opérationnelle dans les délais qui constitueront pour les Nations unies un précédent », a-t-il affirmé. En clair, ce sera plus rapide que d’habitude…

« Tout ce qui pouvait être fait en amont de la résolution (planification, réunions d’état-major) a été fait et nous pensons que le déploiement ira très vite », a-t-il insisté, en indiquant par ailleurs que la brigade d’intervention serait dotée d’hélicoptères d’attaque et de manoeuvre, ainsi que de drones. Pour ces derniers, leur arrivée en RDC ne se fera qu’au cours du second semestre de cette année. Aucune précision n’a été donné sur les types d’appareils qui seront utilisés, ni sur le pays qui les fournira.

Quoi qu’il en soit, l’idée de faire cohabiter une force à vocation offensive avec des troupes dont la mission est défensive n’est pas sans risques étant donné que les secondes sont susceptibles d’être la cibles de représailles de la part des groupes armés traqués par les premières.

Et, visiblement, les hommes du M-23 attendent la brigade d’intervention de pied ferme. Selon des informations non officiellement confirmées, ils auraient réintégrés dans leurs rangs 500 combattants d’une faction dissidente qui était alors commandée par le général Bosco Ntaganda, dit « Terminator », qui s’est rendu pour une raison inconnue à l’ambassade américaine au Rwanda, laquelle l’a ensuite renvoyé devant la Cour pénale internationale de La Haye où il sera jugé pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

« Nous attendons cette Brigade. Le monde chante cette Brigade, les Congolais chantent cette Brigade… On dirait que c’est le retour de Jésus », a récemment ironisé le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, le porte-parole du M-23, lequel a également fait une mise en garde. « Nous n’allons pas nous battre contre la brigade d’intervention, mais si elle nous attaque, nous riposterons avec la dernière énergie (…) N’oubliez pas que nos troupes maîtrisent la partie est de la RDC mieux que quiconque. »

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