Pas assez rentable, le site de Sword Beach a été exclu du « Secteur mythique des plages du Débarquement »

L’an prochain, l’on commémorera le 70e anniversaire de l’opération Overlord et donc du débarquement allié en Normandie. Une aubaine pour l’économie locale étant donné que cet évènement devrait faire venir de nombreux visiteurs sur les plages normandes.

Aussi, 6 offices du tourisme du Bessin (Calvados) et de la Manche ont pris l’initiative de lancer un laber intitulé le « Secteur mythique des plages du Débarquement » qui va d’ouest en est, de Sainte-mère-Eglise (Manche) jusqu’à Courseulles-sur-mer (Calvados), l’idée d’attirer les touristes tout en optimisant les retombées économiques que les commémorations ne manqueront pas de susciter.

Seulement, étant sans doute jugé pas assez rentable, le site de Sword Beach (Ouistreham) n’a pas été inclu dans ce « Secteur mythique des plages du Débarquement », qui compte donc les plages de Juno Beach, Utah Beach, Omaha Beach et Gold Beach. De quoi lancer une polémique, pour le coup, bien légitime. Comme si le tourisme de mémoire – et par delà, le souvenir des sacrifices – devait se soumettre à des impératifs financiers…

Pour rappel, la plage de Sword Beach est celle où débarquèrent les 177 Français du commando Kieffer, appartenant à la 1st Special Service Brigade commandée par Lord Lovat, rendue célébre pour avoir été accompagnée par le joueur de cornenmuse est Bill Millin. Cet épisode avait été immortalisé dans le film « Le jour le plus long ».

Au total, près de 30.000 hommes posèrent le pied sur Sword Beach, et environ 700 d’entre eux y perdirent la vie. Aussi, l’initiative de ces 6 offices de tourisme revient à dire : « merci pour tout messieurs, mais les sacrifices que vous avez consentis et le sang que vous avez versé ne sont pas assez rentables pour nous. » Du moins, c’est ce que l’on peut ressentir…

« L’authenticité historique est baffouée, c’est de la manipulation tout simplement à des fins mercantiles », s’est insurgé André Ledan, le maire de Ouistreham , dans les colonnes du journal « Liberté le Bonhomme libre ». Pour Léon Gautier, qui était l’un des 177 hommes du commando Kieffer, « toutes les plages du Débarquement sont mythiques. »

« Cette initiative ne rassemble pas toutes les plages. Et puis, le terme Secteur est sacré et l’associer à l’adjectif mythique, donc artificiel, est une erreur. L’opération Neptune avait identifié cinq secteurs et cette opération n’en regroupe que quatre, laissant de côté Sword beach, le secteur où le peu de soldats français qui ont pris part au D-Day ont débarqué. Cette démarche me semble en outre principalement motivée par le tourisme au sens mercantile du terme. Ce n’est pas un vilain mot et cela a même été pensé par Mercader dès 1947 mais il ne faut pas perdre de vue que c’est parce qu’il y a de la mémoire qu’il y a du tourisme », a fait valoir l’amiral Brac de la Perrière, d’après le journal « La Manche Libre« .

Face à ces critiques, le président de l’office de tourisme Bayeux Bessin, Loïc jamin, a bien du mal à se justifier. « Je ne travaille pas sur la matière historique, je travaille sur la matière touristique. La réalité du terrain, elle existe chez les tours-opérators et les excursionnistes », a-t-il expliqué à France3 « Basse-Normandie ».

NB : Pour protester contre l’exclusion du site de Sword Beach du « Secteur mythique des plages du Débarquement », une pétition a été mise en ligne ici.

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