La Belgique s’attaque aux filières de recrutement jihadistes pour la Syrie

Autant si ce n’est plus que le Mali, c’est la Syrie qui inquiète sans doute le plus les services de renseignement européens. Et cela pour la simple raison que cette zone de conflit attire à elle un nombre relativement important de jihadistes originaires du Vieux Continent qu’il faudra surveiller de très près dès leur retour (du moins, s’ils en reviennent). Et parmi eux, l’on trouve des convertis aux thèses islamistes.

Ainsi est-ce le cas de Raphaël Gendron, tué les armes à la main en Syrie, le 14 avril dernier. Ce ressortissant français de 38 ans présentait déjà des antécédents étant donné qu’il avait été accusé en Italie, en novembre 2009, d’avoir organisé un « réseau de soutien logistique d’une organisation terroriste internationale » liée à al-Qaïda. Finalement blanchi, il fut remis en liberté après 4 ans de prison.

Mais le parcours de cet homme passe par le Belgique. Quelques temps avant d’être inquiété par la justice italienne, il avait écopé d’une amende pour incitation raciale dans le cadre de ses activités pour Centre islamique belge Assabyle (CIB), considéré comme un foyer du salafisme à Bruxelles.

Ce dernier a également visé par une enquête portant sur les filières de recrutement de candidats au jihad pour l’Irak et l’Afghanistan. Le fils du fondateur de ce centre, Abdel Rahman Ayachi, a d’ailleurs été condamné en juin 2012 à 8 ans de prison pour ce motif. Mais, après avoir tenté de faire carrière dans la marine belge, il serait désormais un des chefs de la brigade islamiste syrienne appelée « les Faucons du Sham », ralliée par Raphaël Gendron.

Il y aurait plus de 70 individus partis de Belgique pour combattre aux côtés des jihadistes en Syrie. Récemment, les cas de jeunes Anversois, Brian De Mulder (19 ans) et Jejoen Bontinck (18 ans) ont fait la une de la presse d’outre-Quiévrain. Ces derniers ont quitté leur pays à l’insu de leurs proches pour faire le coup de feu contre le régime syrien.

Aussi, le CIB ne serait pas la seule structure à encourager ces départs vers la Syrie. Le groupuscule Sharia4Belgium, qui prône l’instauration de la loi islamique en Belgique et le djihad armé, est dans le collimateur de la justice belge. Ainsi, le 16 avril, la police a effectué plusieurs dizaines de perquisitions dans ces milieux salafistes, principalement dans les régions de Bruxelles et d’Anvers. Au moins 6 personnes ont été présentées à un juge d’instruction pour « participation à un groupe terroriste », ce qui vaut 10 ans de prison en Belgique.

Le groupuscule Sharia4Belgium, qui s’était pourtant auto-dissous en octobre dernier, est soupçonné par la police judiciaire d’Anvers d’avoir organisé le recrutement et l’envoi en Syrie de 33 volontaires.

« L’instruction montre que les membres de Sharia4Belgium auraient rejoint en Syrie des groupes de combattants aux idées salafistes djihadistes inspirées par Al-Qaïda et qu’ils participeraient à des combats et même à l’enlèvement et à l’exécution de ce qu’ils appellent des ‘mécréants' », a précisé le parquet fédéral.

Afin d’endiguer ce phénomène, les autorités belges veulent renforcer la lutte contre la radicalisation dans les écoles et les mosquées ainsi que les contrôles aux frontières. Deux adolescents belges, âgés de 16 ans et à la « scolarité exemplaire », ont en effet pu quitter Bruxelles et rejoindre la Syrie sans avoir été repérés. Pour Bruxelles, il s’agit de coopérer davantage avec la Turquie, qui est actuellement le principal pays de transit vers le territoire syrien.

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