Bombardement de Bouaké : Il n’y aura pas de poursuites contre Michèle Alliot-Marie

Alors que des forces françaises s’étaient interposées dès 2002 entre les troupes loyales au pouvoir en place et les groupes rebelles établis dans le nord du pays, le président ivoirien, Laurent Gbagbo prenait l’initiative de lancer l’opération « Dignité » après s’être procuré, malgré l’embargo sur les armes, de nouveaux moyens militaires, dont deux avions Sukhoï SU-25 mis en oeuvre par des pilotes biélorusses.

Seulement, ces appareils bombardèrent, le 6 novembre 2004, le camp de Bouaké, où étaient installés des militaires français issus du RICM, du 2e RIMa et du 515e RT. Bilan : 10 tués, dont un travailleur humanitaire américain, et 38 blessés.

Immédiatement, le président Chirac donna l’ordre, en guise de représailles, de clouer au sol l’aviation aux ordres de son homologue ivoirien, ce qui donna lieu par la suite à de violentes manifestations anti-françaises orchestrées par les « Patriotes » à Abidjan.

Mais quelques heures après le bombardement de Bouaké, les forces françaises arrêtèrent 15 techniciens aéronautiques russes, biélorusses et ukrainiens. Ces derniers furent finalement relâchés et remis au consul de Russie. Plus tard, 8 mercenaires présumés ayant des passeports biélorusses furent appréhendés au Togo. Informées par Lomé, les autorités françaises ne souhaitèrent pas interroger les suspects, à la grande surprise de leurs homologues togolaises.

Ces aspects troubles du dossier ont motivé, en novembre 2012, le dépôt, auprès de la Cour de justice de la République (CJR) de deux plaintes visant Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense au moment des faits, pour « complicité d’assassinats » et « faux témoignage ».

L’un des avocats des familles des militaires tués à Bouaké, Me Jean Balan, l’avait accusée d’avoir cherché « à saboter l’action de la justice afin d’éviter, à tout prix, que la vérité ne soit connue » en faisant en sorte d’empêcher l’audition des suspects. Qui plus est, le commandant de la Force Licorne à l’époque, le général Henri Poncet, fit part de son « incompréhension » face à l’ordre qui lui avait été donné de relâcher les techniciens arrêtés après le bombardement.

Finalement, la CJR, compétente pour enquêter sur les actions menées par les ministres dans l’exercice de leurs fonctions,  a décidé de classer ces deux plaintes sans suite, estimant que « la complicité ne peut résulter que d’actes antérieurs ou concomitants au fait principal, sauf à démontrer que les actes incriminés résultent d’un accord antérieur, aucunement établi en l’espèce. »

En outre, Michèle Alliot-Marie avait expliqué qu’il n’y avait pas de « base juridique » et de mandat d’arrêt international permettant d’interroger les mercenaires présumés. D’où la décision de les relâcher, même si, avait reconnu l’ancien ministre, « il pouvait être intéressant de connaître leur statut et leurs activités. »

Cela étant, cette affaire n’en reste pas là puisqu’une information judiciaire pour assassinat et tentative d’assassinats lancée en 2005 après une plainte contre X déposée par les familles des militaires victimes du bombardement de Bouaké est toujours en cours.

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