Loi de Programmation Militaire : Rien n’est encore joué

Lors de son intervention télévisée du 28 mars, le président Hollande s’étant montré rassurant au sujet du budget des armées pour les années à venir. « Nous dépenserons en 2014 exactement le même montant qu’en 2013″ et « comme nous avons été bien défendus en 2013, nous serons bien défendus en 2014, et ainsi ce sera la même somme qui sera affectée à l’outil de défense », avait-il affirmé.

Exit, donc, le scénario Z, qui aurait été apocalyptique pour les forces armées. Et l’on pouvait penser que, finalement, l’option retenue, dite « Y », aller permettre de conserver peu ou prou un modèle d’armée à peine « juste insuffisant » pour reprendre l’expression d’un rapport du Sénat publié l’été dernier.

Encore que, rien n’était moins sûr étant donné que l’inflation ne devait pas être prise en compte au moins jusqu’en 2016. Ce qui, en agissant de la sorte, revient, de facto, à réduire l’effort de défense. Cela étant, comme le scénario Z défendu par Bercy semblait avoir été abandonné (le Premier ministre étant jusqu’à dire qu’il n’avait même jamais été envisagé), l’on croyait que l’Hôtel de Brienne avait gagné la partie.

Mais il ne faut jamais crier victoire trop tôt. Car les impératifs de réduction du déficit public demeurent (l’objectif des 3% doit être atteint en 2014) et le ministère du Budget n’entend visiblement pas lâcher prise aussi facilement, d’autant plus qu’il est plus facile d’aller piocher quelques milliards dans le budget de la Défense (1,56% sur 56,9% du PIB de dépenses publiques) que d’entamer des réformes structurelles pas forcément populaires. Et puis les militaires en ont désormais l’habitude. « Jugulaire! Jugulaire! »

Ainsi, au cours du dernier conseil de défense, Bercy aurait marqué des points. En effet, selon La Tribune, l’administration du Budget aurait  » bel et bien repris la main lors du conseil de défense du 10 avril avec la complicité du Premier ministre. » Comment? En proposant d’attribuer, en 2014, 29,5 milliards d’euros aux forces armées et de compléter ce montant avcec 1,9 milliard de recettes exceptionnelles…. »si possible. »

En fait, tout est dans la nuance. Car l’on sait, par expérience, que le montant de ces recettes exceptionnelles, lorsqu’elles sont identifiées, est aléatoire, tout comme peut l’être l’année de leur encaissement. D’après La Tribune, l’Hôtel de Brienne « ne se fait aucune illusion sur l’existence de ces ressources extra-budgétaires. »

D’ailleurs, sur toute la durée de la Loi de Programmation Militaire (2014-2019), elles devraient représenter 9,5 milliards d’euros! L’une des solutions seraient que l’Etat cède les participations qu’il détient au capital des entreprises de l’armement. Possible en théorie… Mais sans doute plus compliqué en pratique. Et une fois que l’on a vendu les « bijoux de famille », il ne restera plus rien ensuite.

Ce 15 avril, le président Hollande doit justement rencontrer les industriels de l’armement, avant la tenue d’un autre conseil de défense. Annoncé le même jour au Centre d’expertise des ressources humaines et de la solde (CERHS) pour évoquer les problèmes de soldes liés au système Louvois, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a annulé son déplacement justement pour participer à cette réunion à l’Elysée. Est-ce signe qu’il y a le feu à la maison?

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