Le Tchad va retirer ses troupes du Mali

Les 2.000 soldats tchadiens déployés au Mali auront été des alliés indispensables pour les forces françaises engagées dans le cadre de l’opération Serval, notamment quand il s’est agi de ratisser l’Adrar des Ifoghas, où les groupes jihadistes qui menaçaient Bamako en janvier dernier avaient établi leur sanctuaire.

Le mois dernier, le président tchadien, Idriss Deby Itno, avait expliqué les raisons qui avaient motivé cet engagement militaire au Nord-Mali, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire « Notre Temps. » « Le terrorisme n’a pas de frontière, n’a pas de visage et peut vous sauter à la gueule n’importe où, n’importe quand », avait-il en effet affirmé.

Et de s’interroger : « Qui peut vous dire aujourd’hui qu’il n’y pas de Tchadiens enrôlés comme terroristes ailleurs? Vous avez des Tchadiens qui sont arrêtés en Arabie Saoudite, en Afghanistan et qui ont été jugés aux Etats-Unis et emprisonné à Guantanamo, au Soudan, en Irak. Puisque ces Tchadiens sont déjà en action à l’extérieur de notre territoire, qu’est ce qui prouve qu’ils ne s’intéresseront pas à notre pays un jour? »

« Soyons prudents, si nous ne combattons pas ce mal loin avec les autres, notre société va se déchirer », avait-il alors estimé. Invité de l’émission « Internationales » de TV5 Monde, enregistrée le 13 avril, le président tchadien a donné plus de précisions au sujet de la menace terroriste visant son pays en répondant à une question portant sur une possible infiltration au Tchad de la secte islamiste Boko Haram.

« Boko Haram n’est pas à N’Djamena, il est au Nigeria. Ils se ravitaillent en munitions et en armes depuis la Libye notamment. Que cela passe par le Tchad, c’est possible, par le Niger, c’est aussi possible. Nous avons intercepté des cargaisons qui partaient en direction du Nigeria. Pour le moment, nous n’avons pas détecté de cellules dormantes. Il n’est évidemment pas impossible qu’il y en ait. C’est pourquoi nous avons pris des dispositions sécuritaires dans la capitale », a-t-il affirmé.

Quoi qu’il en soit, pour ce qui concerne les opérations au Mali, Idriss Deby Itno a annoncé, lors de cette émission, le retrait du contingent tchadien. « La guerre « en face à face » avec les djihadistes [menée dans le massif des Ifoghas, ndlr] est terminée. L’armée tchadienne n’a pas de compétences pour affronter l’action d’une nébuleuse, du type guérilla, tel que cela est en train de se produire dans le nord du Mali », a-t-il expliqué. La veille, trois soldats tchadiens avaient perdu la vie dans un attentat suicide perpétré à Kidal.

« Nos soldats vont retourner au Tchad. Ils ont accompli leur mission. Nous avons déjà procédé au retrait du bataillon d’appui lourd. Le reste des éléments va rentrer au pays progressivement », a-t-il ajouté.

Cette annonce ne va pas faire les affaires de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), qui, armée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), avait intégré le contingent tchadien dans ses rangs. Cette force devrait théoriquement se transformer en mission de maintien de la paix des Nations unies, dès qu’une résolution allant dans ce sens sera adoptée par le Conseil de sécurité. Or, il est question de déployer plus de 10.000 casques bleus sur le terrain. Avec le départ des militaires tchadiens, il faudra en appeler à d’autres pays pour que le compte y soit.

Enfin, Idriss Deby Itno a une nouvelle fois affirmé que Mokhtar Belmokhtar, l’un des anciens chefs d’AQMI responsable de la prise d’otage sur le site gazier algérien d’In-Amenas, avait bel été tué par ses troupes. « Nous avons les preuves qu’il est mort, mais nous n’avons pas pu filmer car il s’est fait exploser. Nous n’avons pas voulu diffuser de telles images. Mais nous savons que les prisonniers faits sur place l’ont identifié », a-t-il avancé.

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