Craintes d’une possible déstabilisation du Sahara occidental par les effets du conflit malien

C’est un conflit qui dure depuis une trentaine d’années. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental n’a toujours pas de statut définitif. Depuis la « Marche verte » du roi Hassan II, le Maroc y revendique sa souveraineté, ce que contestent les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.

En 1991, un cessez-le-feu entre les deux parties est entrée en vigueur, avec la promesse de l’organisation d’un référendum d’auto-détermination, laquelle n’a pas encore été tenue. Depuis, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) y a été déployée.

Seulement, l’intervention militaire française visant à chasser les groupes jihadistes implantés au Nord-Mali risque de déstabiliser le Sahara occidental, qui n’est pas pourtant pas frontalier avec le territoire malien. Telle est l’évaluation faite par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies.

« La montée de l’instabilité et de l’insécurité au sein et autour du Sahel requiert une solution urgente de ce conflit qui dure depuis longtemps », a-t-il estimé dans un rapport. « Tous les gouvernements consultés ont soulevé de sérieuses inquiétudes quant au risque que les combats au Mali puissent avoir des retombées dans les pays voisins et contribuent à radicaliser les camps de réfugiés du Sahara Occidental », a-t-il précisé.

Jusqu’à présent, le Polisario s’est opposé « fermement » aux groupes terroristes présents dans la région, notamment en leur empêchant de recruter des jeunes dans les camps de réfugiés sahraouis, lesquels sont décrits par le rapport de l’ONU comme étant « une bombe à retardement. »

Cela étant, avec l’enlèvement, en 2011, de trois travailleurs humanitaires espagnols – relâchés depuis – dans l’un de ces camps, le Polisario n’exclut pas des « infiltrations terroristes. »

Et ces dernières pourraient être facilitées si rien ne change. En effet, soulignant « la situation fragile des jeunes », Ban Ki-moon, a insisté sur les risques de radicalisation des « deuxième et troisième génération » qui, vivant dans ces camps, sont « frustrées non seulement par le manque de progrès dans les négociations, mais aussi par l’absence de perspectives d’emploi. »

Et les problèmes de sécurité sont d’autant encore loin d’être réglés que la MINURSO a supprimé ses patrouilles de nuit et que celles encore effectués le long de la frontière avec la Mauritanie se font sous l’escorte des indépendantistes sahraouis. « D’éventuelles infiltrations de groupes armés, des lacunes dans la coordination en matière de sécurité et le manque de ressources pour le contrôle des frontières mettent les observateurs militaires en danger », a ainsi prévenu Ban Ki-moon.

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