Fusillade de Carcassonne : Le stock illicite de munitions était « un mal nécessaire »

Le 10 avril s’est donc ouvert devant le tribunal correctionnel de Montpellier le procès d’anciens militaires du 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) pour leur implication dans la fusillade ayant eu lieu lors d’une démonstration dynamique d’un groupement de commandos parachutistes (GCP) dans le cadre d’une journées portes ouvertes de cette unité implantées à Carcassonne.

Au cours de l’enquête de commandement lancée après ce drame, au cours duquel 16 personnes furent blessées, il avait été découvert deux stocks illégaux de munitions, dont l’un dans une armoire fermée à clé et située dans les locaux du GCP. Quant au second, il a été transféré dans les deux jours suivants sur un autre site à bord de 3 camions – un pour chaque type de munitions – pour officiellement les mettre en sécurité comme l’exige le règlement et non pour les dissimuler aux gendarmes. C’est du moins l’explication avancée par l’avocat colonel Merveilleux du Vignaux, l’ancien chef de corps du 3e RPIMa.

Dans un premier temps, lors de la première journée de ce procès, la question a été de savoir comment l’auteur des tirs, le sergent Nicolas Vizioz, révoqué depuis de l’armée, a pu commettre l’erreur de mélanger des munitions réelles avec des cartouches à blanc dans le chargeur de son fusil d’assaut.

A cela, l’ancien sous-officier n’a aucune réponse à donner. Si ce n’est qu’il endosse l’entière responsabilité de ce qui est arrivé. « La faute m’est imputable. Cette erreur est la mienne », a-t-il dit. « Depuis ce drame, toutes mes pensées sont allées vers les victimes. Je sais que certaines d’entre elles m’ont pardonné, mais je ne me suis jamais pardonné à moi-même (…) Si j’avais vu le bouchon de tir à blanc éclater, j’aurais tout de suite arrêter mon tir. Et j’aurais préféré quitte à ce que mon arme m’éclate à la gueule », a poursuivi Nicolas Vizioz.

Mais pour le tribunal, cela ne suffit pas. Et de chercher à voir si l’erreur de l’ancien sergent et l’existence des stocks de munitions illicites ne sont pas liée et d’établir une éventuelle responsabilité de la hiérarchie du 3e RPIMa à l’époque dans le fait que des munitions réelles et à blanc aient pu être mélangées.

Et même si les balles tirées par l’ancien sergent proviendraient probablement d’un exercice effectué quelques jours avant la fusillade, l’existence illicite d’un stock de munitions grappillées lors d’exercices ou d’opérations a été au coeur des débats. Normalement, les cartouches non utilisées doivent être restituées à l’armurerie, selon le réglement. « Mais les réalités du terrain son différentes de ce que l’on peut écrire. Pour être opérationnels, nous avons besoin de beaucoup de munitions », a affirmé Nicolas Vizioz.

« Logiquement chaque tireur réintègre ses munitions, le décompte est fait et il doit restituer ses munitions », a avancé l’ex-lieutenant Christophe Allard, supérieur de Nicolas Vizioz au moment de la fusillade. « Cette procédure est très connue car tout le monde la pratique dans l’armée de terre », a-t-il assuré. « Etait-elle respectée? (ndlr, au sein du GCP) » a alors demandé le président. « Pas toujours » a admis l’ancien officier. Et cela afin de « faciliter les séances de tirs, pour être autonome », a-t-il ajouté, et d’échapper à la lourdeur administrative.

« On avait le souci de remplir la mission. Si on devait partir en 12 heures, on avait besoin de ce volant de cartouches, on avait besoin de ce rab », a de son côté expliqué le capitaine Bonningues, le chef du GCP au moment des faits. « Le stock constitué était un mal nécessaire pour se préparer comme il faut », a-t-il poursuivi.

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