Un conseiller du Pentagone critique sévèrement les troupes de la Cédéao envoyées au Mali

Au moins, c’est franc et direct. Pas besoin de tourner autour du pot pour dire ce que l’on constate. Ainsi, pour Michael Sheehan, conseiller du secrétaire à la Défense pour les opérations spéciales et les conflits de basse intensité, les troupes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), engagées au sein de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), constituent une « force totalement incapable » et qui « n’a pas été à la hauteur ».

« A ce stade, la force de la Cédéao n’est capable de rien. (…) Ça doit changer », a-t-il ainsi affirmé le 9 avril, lors d’une audition devant une commission du Sénat. Et à plus forte raison qu’il est question qu’elles soient l’épine dorsale de la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali et dont les modalités sont actuellement en train d’être définies.

La Cédéao a pu péniblement envoyer au Mali 4.300 soldats, alors que les objectifs avaient été revus à la hausse depuis le début de l’opération française Serval, lancée le 11 janvier dernier contre les groupes jihadistes qui s’étaient établis au Nord-Mali.

Au total, la MISMA compte 6.300 hommes, grâce à l’intégration des 2.000 militaires tchadiens venus prêter main forte aux forces françaises. Ce sont d’ailleurs les seules troupes qui ont su montrer leur valeur militaire sur le terrain.

Si Michael Sheehan s’est montré sévère à l’égard des troupes de la Cédéao, il en revanche été plus enthousiaste pour l’action menée par les forces françaises, qu’il a jugée « absolument excellente ».

« Les Français ont réagi très vite et ont très rapidement repoussé AQMI (ndlr, al-Qaïda au Maghreb islamique) au-delà du fleuve Niger, repris le contrôle des villes du Nord », a-t-il rappelé. « Maintenant, la France est en train de se concentrer sur la traque des membres d’AQMI et leur élimination du champ de bataille », a-t-il expliqué.

Reste maintenant à savoir que faire pour la suite. Selon les plans des Nations unies, il est question de lancer une opération de maintien de la paix avec 11.200 casques bleus, épaulés par une « force parallèle », (sous-entendu française) pour continuer à traquer les jihadistes.

Ce scénario, dans les grandes lignes, semble avoir la préférence du conseiller, à condition qu’il s’inspire de ce qui a été fait pour la Somalie, où une force fournie par l’Union africaine, l’AMISOM, conduit des opérations avec un mandat de l’ONU (résolution 1744).

« Débusquer AQMI des montagnes et attaquer leur leadership est un boulot pour une force bien plus capable. L’ONU ne peut faire cela et nous ne devons pas attendre d’elle qu’elle le fasse. Ce sera aux Français, peut-être avec notre soutien » de le faire, a ainsi estimé Michael Sheehan.

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