La marine indienne a eu 22 contacts récents avec des sous-marins présumés chinois

Si la montée est puissance de la marine chinoise est regardée de près par le Pentagone, elle l’est tout autant en Inde, qui craint de faire les frais de la stratégie dite du « collier de perles » mise en oeuvre par Pékin.

Depuis quelques années, la Chine se constitue un ensemble de points d’appui dans les pays riverains de l’océan Indien (Bangladesh, Birmanie, Pakistan, Sri Lanka) afin de sécuriser la route maritime la reliant au golfe Persique et disposer ainsi d’une liberté de mouvement dans une région essentielle pour ses approvisionnements, et donc, pour son économie. Un impératif lorsque l’on sait que 80% du pétrole importé par Pékin doit franchir le détroit de Malacca.

Un rapport intitulé « Futur de l’énergie », remis au Pentagone en 2005, ces points d’appui disposés autour du sous-continent indien seraient de nature à faciliter le déploiement éventuels de navires de guerre chinois dans la région.

Récemment, une société chinoise a pris le contrôle du port pakistanais de Gwadar, ce qui, pour l’ancien commandant Uday Bhaskar, chercheur émérite à la Society for Policy Studies de New Delhi, permet à Pékin de « de renforcer son empreinte sur l’océan Indien. »

Seulement, avec cette stratégie dite du collier de perles, l’Inde se retrouve encerclée par la Chine et se voit disputer son influence dans une région qu’elle considère comme étant son jardin.

C’est dans ce contexte que la presse indienne a fait état d’un rapport intitulé « Marine indienne : menaces qui pèsent sur la capacité de dissuasion sous-marine et préparation » et dans lequel il est indiqué qu’au moins 22 contacts récents avec des submersibles ont été relevés, dont un en février dernier, au large des îles Andaman et Nicobar.

Dans le détail, et depuis août 2012, 13 contacts ont eu lieu au sud du Sri Lanka, 6 au nord-ouest du détroit Malacca et 2 jusqu’en mer d’Arabie. Un premier sous-marin détecté par un sonar lors d’une patrouille menée conjointement par des navires indiens et américains.

Pour la marine indienne, il ne fait aucun doute que ces sous-marins détectés appartiennent à son homologue chinoise. « L’évaluation est que la Chine est la seule autre marine capable d’opérer dans la région. Cette évaluation a été confirmée par des renseignements indiens et américains », écrit ainsi Indian Today.

Quant au rapport, il estime qu’une « force rivalité entre les marines (ndlr, indienne et chinoise) aura lieu dans les trois prochaines années » et met en garde contre le développement par la Chine de capacités maritimes expéditionnaires » sous la forme de sous-marins nucléaires et des armées anti-accès (comme des missiles antinavires), « avec un accent mis sur un déploiement dans l’océan Indien. »

Le rapport précise également que les sous-marins en question sont à propulsion nucléaire et qu’ils font partie des plus modernes de la marine chinoise (des Shang Type 093?). Ils seraient basés à Sanya, en mer de Chine du Sud.

Il est aussi estimé que cette activité des sous-marins chinois vise à tester les capacités de la marine indienne ainsi qu’à commencer à maintenir une présence permanente dans l’océan Indien.

Cela étant, l’Inde dispose actuellement de 15 submersibles, dont l’INS Chakra, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de classe Akula loué auprès de la Russie. A l’avenir, 6 autres bâtiment à propulsion classique de la classe Scorpène, vendus par DCNS et actuellement en cours d’assemblage au chantier naval Mazagon Dock Limited, à Bombay, devraient entrer en service prochainement. En outre, un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), l’Arihant, est également attendu.

Or, un débat est en cours au sein de l’état-major de la marine indienne, qui doit faire des choix étant donné que la hausse du budget indien de la Défense est actuellement limitée. Il s’agit de trancher entre l’acquisition future de 6 autres sous-marins ou le renforcement de la flotte de surface. Sans doute que ce rapport permettra de prendre la bonne décision…

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