Confusion autour du site d’essai nucléaire nord-coréen de Punggye-ri

Les jours passent et la tension est toujours aussi vive dans la péninsule coréenne. Si, d’après les déclarations faites le 7 avril par le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, aucun mouvement important de troupes nord-coréennes n’a été pour le moment relevé, ce qui, dans le cas contraire, serait le prélude à une éventuelle attaque promise par Pyongyang, en revanche, les signes d’une activité « inhabituelle » ont été relevés sur le site de Punggye-ri, celui-là même où la Corée du Nord a procédé à ses trois tests nucléaires.

Cette information a été donnée par le ministre sud-coréen de la Réunification, Ryoo Kihl-jae, qui a cependant refusé d’en dire plus. Mais pour le quotidien JoongAng Ilbo, qui s’appuie sur les confidences d’un responsable officiel, l’activité observée à Punggye-ri est semblable à celle qui avait précédé le 3e essai nucléaire nord-coréen, effectué le 12 février dernier.

« Nous tentons d’établir s’il s’agit d’une véritable préparation en vue d’un essai nucléaire ou d’un stratagème pour accentuer la pression sur nous (la Corée du Sud) et les États-Unis », a affirmé cette même source au journal.

Seulement, quelques heures à peine ces révélations, le ministère sud-coréen de la Défense a fait tempéré les propos de Ryoo Kihl-jae. « Il y a des activités » sur le site de Punggye-ri mais « il semble s’agir d’acitivités de routine », a ainsi affirmé un porte-parole tout en soulignant que la Corée du Nord était cependant « capable à tout moment d’effectuer un essai nucléaire. »

Cela étant, le plus probable reste un éventuel tir de missile balistique nord-coréen. Au moins deux engins de type BM-25 Musudan ont été redéployés sur la côte est de la Corée du Nord, la semaine passée.

D’une portée théorique de 3.000 à 4.000 km, ces missiles peuvent atteindre l’île de Guam, où les Etats-Unis disposent d’une importante base, et bien évidemment la Corée du Sud et le Japon. Un essai de ces engins pourrait avoir lieu autour du 10 avril, d’après Kim Jang-soo, le conseiller pour la sécurité nationale de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye.

Deux éléments permettent en effet d’avancer cette hypothèse : l’affirmation de la Corée du Nord indiquant que la sécurité des diplomates en poste à Pyongyang ne sera plus garantie à partir de cette date et l’approche de l’anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur défunt du régime.

En attendant, les Etats-Unis, principalement visés par les menaces nord-coréennes, ont repoussé l’essai d’un missile balistique Minuteman 3, lequel devait être lancé ces prochains jours dpuis la base de Vandenberg, en Californie. Il s’agit ainsi pour Washington d’éviter de donner un prétexte à Pyongyang de continuer à faire monter la pression.

Par ailleurs, après avoir effectué une démonstration de force avec le survol de la Corée du Sud par des bombardiers stratégiques B-52 et B-2 et annoncé l’envoi dans la région de moyens anti-missiles, le Pentagone compte mettre en oeuvre depuis la base japonaise de Misawa un drone RQ-4 Global Hawk afin de surveiller les activités nord-coréennes.

La stratégie de Washington à l’égard de Pyongyang s’appuie sur des représailles proportionnées aux actions nord-coréennes afin d’éviter que la situation dégénère en guerre ouverte. Selon le New York Times, il s’agirait de « répondre » immédiatement « de la même façon », à la Corée du Nord en cas d’attaque terrestre ou de lancement de missiles. En clair, à un bombardement d’une position sud-coréenne, comme cela a été le cas en novembre 2010 sur l’île de Yeonpeyong, des tirs d’artillerie de même intensité seront ordonnés.

Quant au Japon, également en première ligne, le ministre nippon de la Défense, Itsunori Onoidera, a donné l’ordre d’abattre tout missile nord-coréen qui viserait son territoire. A cette fin, des destroyers anti-missiles AEGIS vont être déployés en mer du Japon.

Enfin, proche alliée de la Corée du Nord, la Chine a adressé une nouvelle mise en garde, à mots couverts, contre son voisin. « Personne ne devrait être autorisé à précipiter dans le chaos une région, et à plus forte raison le monde entier, par égoïsme », a ainsi affirmé le président chinois, Xi Jinping.

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