Rafale : Les discussions entre Dassault et New Delhi seraient bloquées

Quand il est question d’un contrat portant sur plus de 12 milliards de dollars, il faut prendre avec précaution les confidences faites à la presse par des personnes dites « proches du dossier ». Compte tenu des enjeux, des manipulations sont toujours possibles.

En juin 2009, il avait été affirmé que le Rafale de Dassault Aviation venait d’être écarté de l’appel d’offres MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft) visant à acquérir 126 avions de combats pour remplacer les MiG-21 des forces aériennes indiennes. Trois ans plus tard, le même Rafale remportait cette compétition aux dépens de l’Eurofighter Typhoon… et le constructeur français entrait en « négociations exclusives » avec New Delhi.

C’est donc avec prudence qu’il faut prendre l’information révélée par le quotidien indien The Indian Express. Ce dernier, qui s’appuie sur des « sources anonymes », affirme en effet que les discussions entre Dassault et New Delhi seraient actuellement bloquées en raison d’un différend portant sur la responsabilité du constructeur français pour les 108 avions qui seront assemblés en Inde par Hindustan Aeronautics Limited (HAL), les 18 premiers devant être fabriqués en France.

Ainsi, selon le journal, Dassaut Aviation voudrait que New Delhi signe deux contrats distincts : l’un avec lui pour les appareils assemblés en France, l’autre avec HAL pour ceux qui le seront en Inde.

La raison? Toujours selon le quotidien, pour Dassault Aviation, si HAL est désigné comme maître d’oeuvre, il devrait alors assumer la responsabilité de la qualité des avions qui sortiront de ses chaînes d’assemblage. Il est ainsi sous-entendu que le constructeur français n’a pas une confiance absolue dans les capacités du conglomérat indien à assembler des Rafale, alors que les deux entités sont partenaires pour la mondernisation des Mirage 2000 indiens…

D’après des industriels locaux, toujours cités anonymement, HAL n’aurait pas les moyens de ses ambitions et serait incapable de livrer les appareils dans les délais. Et ils décrivent un groupe sous l’emprise d’un syndicat à « paralysant » et dans lequel « une décision de dix minutes peut prendre dix mois. »

Il y a-t-il cependant péril en la demeure? Dassault Aviation n’a jamais fait mystère de la complexité du montage industriel à mettre en place dans le cadre de ce contrat. Car outre HAL, une vingtaine de sous-traitants indiens seront aussi concernés. Et pour chacun d’entre eux, il faut obtenir des garanties financières afin d’éviter de se retrouver le bec dans l’eau en cas de défaillance. Qui plus est, les autorités indiennes ont récemment montré plusieurs signes encourageants pour la conclusion des négocations en cours.

Interrogé par l’AFP, le général Dipankar Banerjee, directeur de l’Institut d’études sur la paix et les conflits, a estimé que les difficultés actuelles font « partie du processus de dialogue. » Et d’ajouter : « Mais c’est un point crucial dans le processus de négociations. Ce contrat implique une telle quantité d’appareils que le pays a le droit de demander une production locale sous licence. »

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