Le dernier essai nucléaire nord-coréen a livré peu de détails

Les services de renseignement américains sont dans le flou après le troisième essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord, le 12 février dernier. Afin d’obtenir le maximum d’informations sur les avancées du programme nord-coréen, plusieurs capteurs avaient été mis en alerte, comme l’avion américain WC-135 Constant Phoenix, capable de détecter les explosions atomiques.

Il s’agissait ainsi de pouvoir recueillir et d’analyser les rejets éventuels de gaz radioactifs échappés dans l’atmosphère afin de déterminer le matériau fissile utilisé par les ingénieurs nord-coréens pour leur essai nucléaire.

Etaient particulièrement recherchées, des traces de xénon. En fonction du type d’isotopes contenu dans ce gaz, il est possible de déterminer si un essai nucléaire a été réalisé avec du plutonium, comme les deux précédents réalisés par la Corée du Nord, ou avec de l’uranium hautement enrichi.

Pour les services de renseignement, il était important de savoir si Pyongyang maîtrise effectivement le processus d’enrichissement d’uranium, comme l’on pouvait le supposer avec la révélation, en novembre 2010, de l’existence d’une usine dédiée à cette activité.

Et cela est loin d’être anodin car si tel est le cas, alors la Corée du Nord serait en mesure, grâce à ses réserves d’uranium, de produire autant de combustible de qualité militaire qu’elle le souhaite. Ce qui, compte tenu de ses rapports étroits avec des pays souhaitant également se doter de l’arme nucléaire, serait de nature à faire augmenter le risque de prolifération. Et l’on pense évidemment à l’Iran, les deux pays ayant signé plusieurs accords de coopérations scientitifiques et technologiques…

Seulement, comme l’a indiqué une récente enquête du Washington Post, la Corée du Nord a pris ses précautions au moment de réaliser son essai nucléaire souterrain sur le site de Punggye-ri. La porte du tunnel où il a été effectué est restée intacte, ce qui laisse supposer que l’explosion a eu lieu à une profondeur importante.

Du coup, les capteurs de particules radioactives ont fait chou blanc. Seul un avion japonais a pu détecter des isotopes radiactifs xenon-133 mais en quantité tellement insignifiante qu’il n’a pas été possible de tirer la moindre conclusion. Et cela d’autant plus qu’ils auraient pu tout aussi bien provenir d’une centrale nucléaire.

Finalement, l’on sait seulement que la puissance de l’explosion de l’essai réalisé le 12 février était de 6 à 7 kilotonnes et que, de l’aveu même de l’agence officielle nord-coréenne KCNA, l’engin utilisé à cette fin était « miniaturisé et plus léger. »

Aussi, et devant l’absence de données concrètes sur la nature de cet essai, l’on pourrait supposer que Pyongyang a cherché à maintenir l’incertitude sur ses capacités nucléaires. Cela étant, les responsables nord-coréens ont pu simplement cherché à limiter l’impact du test sur l’environnement etant donné que des rejets radioactifs dérivant vers l’allié chinois auraient été du plus mauvais effet.

D’ailleurs, le Washington Post rapporte que la chasse aux particules radioactives n’avait pas non plus donné grand chose lors du test nucléaire réalisé par Pyongyang en 2009. « Certains experts soulignent que trouver des preuves d’une explosion nucléaire est souvent une question de chance à cause des courants d’air et des caractéristiques géologiques du site d’essai » rapporte le journal.

Quoi qu’il en soit, et cela n’aidera pas les analystes à y voir plus clair, la Corée du Nord a annoncé, ce 2 avril, son intention de redémarrer le réacteur de Yongbyon, qui, arrêté en 2007, produisait du plutonium pour alimenter son programme nucléaire militaire.

« Cette décision est conforme à la volonté de Pyongyang de renforcer (son) arsenal nucléaire à la fois en qualité et en quantité et nécessaire à la résolution de graves pénuries d’électricité », rapporte KCNA, citant un porte-parole du programme d’énergie nucléaire nord-coréen. Il est estimé que la Corée du Nord diposerait d’un stock de plutonium suffisant pour fabriquer entre 4 et 8 bombes nucléaires.

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