Le général Ract-Madoux vante le bon rapport qualité/prix de l’armée de Terre

La façon dont sont conduites par les forces françaises les opérations au Nord-Mali contre les groupes jihadistes est exemplaire et suscite même de l’admiration chez les militaires américains, comme l’a récemment souligné Newsweek.

« L’opération est en cours. Elle progresse avec des résultats qui sont tout à fait remarquables », a estimé, ce 27 mars, le général Bertrand Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), sur les ondes d’Europe1.

Alors que des éditoriaux de la presse internationale qualifient la France de « superpuissance » en raison de sa capacité à intervenir au Nord-Mali, il est paradoxal qu’au même moment il soit question de diminuer sensiblement le budget de la Défense afin de ramener les déficits publics à moins de 3% du PIB.

L’une des deux options mise sur la table, appelée Z et défendue par Bercy, aurait, par l’ampleur des coupes qu’elle suppose, pour conséquence le déclassement stratégique de la France. En gros, elle consisterait à ne garder que la dissuasion nucléaire et les forces spéciales. Et si la seconde, dite Y, est moins apocalyptique, il n’en reste pas moins qu’elle supposera de nouvelles baisses d’effectifs et, au mieux, la mise entre parenthèses de certaines capacités qu’il sera très difficile de se réapproprier à l’avenir.

« Si on supprime l’armée de Terre, je pense qu’il faudrait demander l’avis des Français, pas uniquement celui des gestionnaires », a lancé le général Ract-Madoux, pour qui il ne serait pas raisonnable de descendre en-dessous du seuil de 73.000 hommes projetables sur les 130.000 que comptent les forces terrestres françaises (dont dépendent, par exemple, les sapeurs pompiers de Paris).

Pour le CEMAT, l’armée de Terre est « toute chose égale par ailleurs, bon marché ». Et de préciser : « Elle ne représente que 20% du budget de la Défense alors qu’elle représente 45% des effectifs et 80% des hommes engagés en opérations. » Et elle peut l’être, quand on sait les jeunes recrues ont une solde de 1.300 euros par mois, laquelle est à peine doublée si elles sont envoyées au Mali…

Par conséquent, réduire le volume des effectifs « projetables » de 30.000 hommes comme il peut en être question, n’est pas acceptable pour le général Ract-Madoux. « Il ne faut pas, s’agissant de l’armée de Terre en particulier, toucher à ce capital humain, à cette expérience extraordinaire que constituent nos unités », a-t-il fait valoir.

Estimant, à titre personnel, que la France devait respecter ses engagements vis-à-vis de l’Otan au niveau des dépenses militaires (2% du PIB), le général Ract-Madoux a également insisté sur le fait que les armées n’ont « pas encore terminé » d’appliquer la dernière « réforme importante » qui a vu l’armée de Terre supprimer « 25.000 postes » et en « transférer 20.000 » autres. D’où sa demande de stabilité dans les réformes.

« Comme tous mes soldats, je réclame de pouvoir exercer le métier que j’ai choisi dans des conditions équitables et de disposer des moyens pour remplir les missions », a affirmé le général Ract-Madoux.

Quant à la question de savoir s’il fallait « sanctuariser » le budget de la Défense, au même titre que certaines priorités gouvernementales, le CEMAT a répondu que « c’est la perception de l’ensemble de nos soldats qui savent très bien qu’ils contribuent à la sécurité de leurs concitoyens et à leur éducation avec le Service militaire adapté (SMA) ou avec la formation de 10.000 jeunes par an. »

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