La restructuration de la défense antimissile américaine critiquée par la Russie et la Chine

Le nouveau chef du Pentagone, Chuck Hagel, a annoncé, le 15 mars, une restructuration de la défense antimissile américaine afin de prendre en compte l’évolution de la menace balistique nord-coréenne.

Concrètement, il s’agit de renforcer le bouclier antimissile sur la côte ouest des Etats-Unis, avec l’installation de 18 nouveaux missiles intercepteurs, et de mettre en oeuvre un second radar d’alerte avancée TPY-2 au Japon.

Dans le même temps, et compte tenu des contraintes budgétaires, la participation américaine à la défense antimissile de l’Otan va subir quelques ajustements. Si l’implantation d’un radar TPY-2 en Turquie est maintenue, comme le déploiement d’intercepteurs SM3-IIA en Roumanie et en Pologne, il n’est en revanche plus question de remplacer ces derniers par une version plus moderne (SM3-IIB) comme il avait été prévu de le faire en 2022.

Pour Moscou, qui conteste la défense antimissile de l’Otan en expliquant qu’il porte atteinte à sa sécurité et à sa capacité de dissuasion nucléaire, cet aménagement ne change rien.

« Tout ce qui concerne les incertitudes stratégiques liées au déploiement du bouclier antimissile des Etats-Unis et de l’Otan reste inchangé » a fait valoir, le 18 mars, Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères. « Il ne s’agit pas d’une concession à la Russie », a-t-il aussi affirmé au quotidien Kommersant, en soulignant « ne voir aucun lien entre les déclarations faites au Pentagone sur la restructuration du bouclier et les objections exprimées jusqu’alors par la Russie. »

Dans les faits, même si le missile intercepteur SM3-IIB est plus performant, l’abandon de son déploiement en Europe ne change pas grand chose, sauf que la crédibilité de la dissuasion nucléaire russe sera davantage affectée par le renforcement du bouclier américain en Alaska.

« Les Européens ne verront aucune différence dans leur défense antimissile », a même déclaré Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan. « Les phases un à trois seront mises en oeuvre et fourniront une couverture (contre les missiles balistiques iraniens, ndlr) pour toute la population et les territoires » des pays européens de l’Otan, a-t-il ajouté.

Les projets américains ont également été critiqués par la Chine. Et pour cause : si le bouclier antimissile est renforcé pour contrer une éventuelle menace nord-coréenne, il peut aussi servir à contrer une possible attaque chinoise et donc porter atteinte à la dissuasion de Pékin…

« Des mesures comme le renforcement des défenses antimissiles vont accroître les antagonismes et n’aideront pas à trouver une solution au problème », a ainsi déclaré Hong Lei, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « La Chine espère que ce pays (les Etats-Unis) agira sur la base de la paix et de la stabilité et adoptera une attitude responsable et agira prudemment », a-t-il ajouté.

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