François Fillon plaide pour le maintien de l’effort de défense

Alors que l’avenir des forces françaises se jouent cette semaine dans un contexte marqué par des coupes budgétaires annoncées comme inéluctables, l’ancien Premier ministre François Fillon a adressé une lettre ouverte au président Hollande dans laquelle il plaide pour le maintien de l’effort de défense avec des accents gaulliens.

« La France ne peut être la France sans la grandeur », avait écrit le général de Gaulle dans ses mémoires. « Que serait la France sans la grandeur? », demande l’ex-chef du gouvernement dans sa tribune. « Un pays sans flamme et sans voix! » lance-t-il, avant de souligner qu’il y a « de la grandeur à placer ses forces armées au service du droit international » et de « l’honneur à pouvoir dire » que « la France est maîtresse de sa sécurité. »

Pour François Fillon, il y a deux voies : celle qui consiste à faire comme « la plupart de nos partenaires européens qui ont choisi de s’en remettre aux alliés américains pour assurer leur sécurité » et celle de la continuité de « l’ambition diplomatique et militaire française qui traverse l’Histoire. »

Rappelant l’intervention militaire au Mali, François Fillon souligne que cette dernière a été possible « parce que la France a toujours fait l’effort de privilégier ses armées ». Et d’ajouter que « le dévouement et la maîtrise exceptionnels de nos soldats ne peuvent pas tout » et qu’ils « font la maximum avec le minimum requis pour de telles opérations ».

« Dans bien des secteurs, nos forces sont à la limite de la rupture, et ceux qui prétendent que l’on peut sans risque réduire leurs moyens ne sont pas au front » a estimé l’ancien locataire de Matignon, qui explique par ailleurs, fort de son expérience, n’avoir « jamais accepté que la question financière dicte seule la réponse stratégique qu’exigent les menaces qui pèsent sur nous. »

Pour François Fillon, la réponse à apporter à ces menaces doit être « crédible », ce qui « impose une structure des forces militaires et industrielles adéquats ». Et cela ne « milite pas pour une baisse drastique des moyens de la défense. » Il en va ainsi de la pérennité des industries de l’armement, gage d’autonomie en la matière, ainsi que de la « volonté française de doter un jour l’Europe d’une capacité collective de défense » qui n’aurait aucune chance d’aboutir sur la France baisse sa garde au niveau des autres pays européens.

Pour autant, François Fillon estime que les marges de manoeuvres sont réduites – voire inexistantes – et qu’il faudra faire des choix, lesquels devront être « clairement explicités » car « rien n’est pire qu’une politique de défense qui prétend tout faire sans en avoir les moyens. » Et d’évoquer de possibles nouvelles rationalisations territoriales et logistiques afin de réduire les dépenses.

Mais pour le député de Paris, qui partage ainsi la position exprimée à la quasi-unanimité par les sénateurs, « notre politique a un coût et en deçà d’un certain plancher, c’est tout l’outil militaire et industriel de la France qui est menacé. »

« Ne pas accepter une croissance même limitée de notre effort d’équipement, c’est certainement condamner notre armée à des ruptures capacitaires et à terme devenir tributaire d’un protecteur non européen », prévient François Fillon. « Notre défense n’est pas une variable d’ajustement comme les autres. Elle est une priorité nationale dont la légitimité et l’efficacité dépassent l’actualité immédiate et les humeurs de l’opinion », poursuit-il. Et de conclure : « mieux vaut sacrifier ses promesses de campagne que sacrifier notre défense. Cela s’appelle l’intérêt national ».

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