La Chine se hisse au 5e rang des vendeurs d’armes

C’est inédit depuis1950, année à partir de laquelle le Stockhom International Peace Research Institute (Sipri) publie les données portant sur les transferts internationaux d’armes conventionnelles. En effet, si l’on considère la période 2008-2012, la Chine fait partie des 5 premiers exportateurs mondiaux, après avoir dépassé le Royaume-Uni.

La première place de ce classement est occupée par les Etats-Unis (30% des exportations). Viennent ensuite la Russie (26%), l’Allemagne (7%) et la France (6%). « Le déclassement du Royaume-Uni par la Chine est le premier changement dans la composition des cinq premiers exportateurs dans les 20 dernières années », relève le Sipri.

Entre les périodes 2003-2007 et 2008-2012, la part du volume des exportations chinoises a augmenté de 162%, passant ainsi de de 2 à 5%, et cela alors que globalement, les transferts d’armes conventionnelles a augmenté de 17%. Les principaux clients de Pékin en la matière sont situées principalement en Asie et en Océanie (74% des ventes). L’Afrique représente 13% des ventes chinoises.

Cette progression s’explique en partie par d’importantes commandes passées par le Pakistan auprès de Pékin, notamment pour ce qui concerne les frégates, les sous-marins et les avions de combat.

« Toutefois, un certain nombre d’échanges récents indiquent que la Chine devient un important exportateur d’armes vers un nombre croissant de pays importateurs », a relevé le Dr Paul Holtom, le directeur du programme Transfert d’armes au Sipri. Ainsi, l’Algérie, le Maroc et le Venezuela tendent à devenir d’importants clients de l’industrie chinoise de l’armement.

Par ailleurs, les principaux importateurs d’armes sont tous situés en Asie. Parmi les 5 premiers, l’on trouve l’Inde (12% des importations mondiales), la Chine (6%), le Pakistan (5%), la Corée du Sud (5%) et Singapour (4%). Dans le même temps, les livraisons vers les pays européens ont chuté de 20 % entre 2003-2007 et 2008-2012.

Cela ne fait que confirmer des études précédentes, dont celle publiée la semaine passée par l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), laquelle a constaté que les dépenses militaires des pays asiatiques ont dépassé celles des Etats européens en 2012.

Pendant que les pays de la zone Asie-Pacifique étoffent leurs capacités militaires, notamment navales et aériennes, la tendance sur le Vieux Continent est à la diminution des dépenses militaires, à la révision des ambitions, voire à la revente de certains matériels, comme le fait par exemple l’Espagne, qui cherche un repreneur pour ses Eurofighter.

Cela s’explique notamment par les politiques d’austérité budgétaire menées en Europe. Ainsi, la situation financière de la Grèce a contraint cette dernière à diminuer ses importations d’armes de 61% entre 2003-2007 et 2008-2012. Du coup, Athènes a reculé du 4e au 15e rang mondial des importateurs, ce qui n’a pas arrangé ses principaux fournisseurs qui sont l’Allemagne et la France.

Parmi les autres faits marquants du rapport du Sipri, l’on peut noter la hausse spectaculaire des achats d’armes des pays nord-africains. Ces dernières ont bondi de 350% entre les périodes 2003-2007 et 2008-2012, expliquant en partie la hausse 104% des importations au niveau de l’Afrique.

La palme revient au Maroc, avec une augmentation de 1.460% de ses acquisitions militaires dont, relève le Sipri, l’achat de 24 F-16 américains, de 54 chars MBT-2000 chinois et de frégates ainsi que la modernisation de 27 Mirage F1. Toutefois, les efforts de Rabat ne lui ont pas permis de rattraper Alger dont les achats à l’étranger (en fait, auprès de la Russie) ont augmenté de 277% au cours de la même période. L’Algérie est ainsi le 6e importateur mondial d’armes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]