La France et le Royaume-Uni veulent livrer des armes aux rebelles syriens

C’est une évolution de la position de la France à l’égard des rebelles syriens qui combattent les forces du régime de Bachar el-Assad depuis maintenant 2 ans. Jusqu’à présent, l’idée de livrer des armes à ces insurgés étaient inconcevable.

« Nous, les Européens, nous avons décidé d’un embargo sur les armes », avait déclaré, en août dernier, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. « En ce qui concerne les armes puissantes, notamment pour détruire les avions, il y a un problème massif : on ne peut pas livrer des armes à des personnes dans des conditions qui risqueraient de se retourner ensuite contre nous », avait-il expliqué.

Du coup, l’aide française aux rebelles syriens avait été limitée à l’envoi d’équipements non létaux et à l’ouverture d’une antenne médicale en Jordanie pour soigner les réfugiés chassés de leur pays par le conflit.

Mais Paris a changé d’avis pour rejoindre la position britannique. Selon le même Laurent Fabius, la France et le Royaume-Uni entendent en effet envoyer des armes à l’opposition syrienne. A cette fin, les deux pays vont demander « aux Européens (…) de lever l’embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre », a-t-il déclaré, ce 14 mars, sur les ondes de France Info.

Cette mesure devrait être étudiée lors d’une réunion de l’Union européenne prévue pour la fin du mois de mai prochain. Un délai trop long pour Laurent Fabius, pour qui il y a urgence. Qui plus est, la levée éventuelle de l’embargo est loin d’être acquises, plusieurs pays membres estimant qu’il y a déjà assez d’armes en Syrie et qu’en livrer davantage ne pourrait qu’aggraver le conflit.

Quoi qu’il en soit, cela ne changera rien à la décision de Paris et de Londres, qui livreront quand même ces armes, à titre national, car, a fait valoir le chef du Quai d’Orsay, la France « est une nation souveraine. »

« On ne peut pas accepter qu’il y ait ce déséquilibre actuel avec d’un côté l’Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et de l’autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre », a justifié le ministre. « Lever l’embargo, c’est un des seuls moyens qui restent pour faire bouger politiquement la situation », a-t-il estimé.

Cela étant, les rebelles syriens bénéficieraient déjà de livraisons d’armes, notamment par l’intermédiaire du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Ainsi, d’après le New York Times (édition du 25 février), Riyad a financé l’achat d’armes d’infanterie (fusils mitrailleurs, lance-roquettes) auprès de la Croatie, lesquelles ont ensuite été acheminées aux rebelles syriens via la Jordanie et la Turquie.

En tout cas, la position commune à la France et au Royaume-Uni tranche avec celle des Etats-Unis, qui refusent d’armer les rebelles syriens tout en ne s’offusquant pas que d’autres puissent le faire. Il n’y a « pas de garantie qu’une arme ou une autre ne puisse pas tomber dans de mauvaises mains (nldr, les jihadistes présents en Syrie) mais les insurgés ont « maintenant la capacité de s’assurer que ce qui va à l’opposition modérée et légitime lui parvient effectivement », a ainsi déclaré John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, le 4 mars dernier.

Quelques jours plus tôt, Ahmad Moaz el-Khatib, le chef de la Coalition nationale syrienne, avait encore réclamé des armes en écartant l’argument avancé de la présence de jihadistes pour les lui refuser. « Beaucoup de gens, et surtout les médias, font plus attention à la longueur des barbes des combattants qu’à l’effusion du sang des enfants et aux bombardements du régime », avait-il affirmé.

Du côté de la Russie, alliée du régime de Bachar el-Assad, l’on fait valoir que fournir des armes aux rebelles syriens est illégal. « Je pense que le droit international stipule que ceal n’est pas possible et je pense qu’armer l’opposition est une infraction au droit internation », a fait valoir Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

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