Encore de nouvelles tensions dans la péninsule coréenne

Le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-un, devrait méditer la morale de la fable « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf » de La Fontaine. Ce n’est pas parce qu’elle a réussi à lancer une fusée sans qu’elle explose au bout de quelques minutes et vient de réaliser son troisième essai nucléaire que la Corée du Nord est en mesure de frapper préventivement les Etats-Unis.

Et pourtant, c’est bien ce que Pyongyang a laissé entendre après l’adoption, à l’unanimité, par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 7 mars, d’une nouvelle série de sanctions (résolution 2094) visant son programme nucléaire.

« La guerre ne serait pas confinée à la péninsule coréenne », a prévenu le Rodong Sinmun, le quotidien officiel du parti unique, en faisant une allusion à l’arsenal de missiles balistiques nord-coréen. Et « tant que les Etats-Unis chercheront à déclencher une guerre nucléaire, nos forces armées révolutionnaires se réservent le droit de lancer une frappe nucléaire préventive », a renchéri un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

Pour autant, aussi loufoques que puissent être ces menaces, il n’en reste pas moins que le régime de Pyongyang est à prendre au sérieux quand il s’adresse à la Corée du Sud. Ainsi, son « Comité pour la réunification pacifique de la Corée » (CPRK) a annoncé, le 8 mars, l’abrogation de « tous les accords de non-agression entre le Nord et le Sud », dont celui, qui signé en 1991, engageait les deux pays à régler pacifiquement leurs différents et à éviter les confrontations militaires accidentelles.

Ces accords n’ont cependant pas empêché Pyongyang de torpiller, en mars 2010, une corvette sud-coréenne (le Cheonan, 46 tués) et de bombarder l’île de Yeonpyeong en novembre de la même année.

Enfin, le régime nord-coréen a également décidé de couper le téléphone rouge entre le Nord et le Sud, qui, mis en place en 1971, est au moins utilisé deux fois par jour. Là encore, ce n’est pas une nouveauté : Pyongyang en avait de même en 2010.

Outre les sanctions des Nations unies, la tenue des manoeuvres militaires conjointes entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, appelées Key Resolve, n’est pas non plus faite pour calmer les ardeurs belliqueuses de Kim Jong-un. Cet exercice, qui mobilise 13.500 militaires, dont 3.500 américains, doit durer pendant deux semaines.

Au ton agressif de Pyongyang, Séoul n’a pas cherché à apaiser les tensions, bien au contraire… Car le porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères a menacé de « faire disparaître la Corée du Nord de la surface de la terre » si jamais elle déclenchait une « attaque nucléaire. »

La crainte est donc qu’une étincelle mette le feu aux poudres. Les troupes nord-coréennes sont actuellement placées en état d’alerte le long de la zone démilitarisée qui sépare les deux frères ennemis. Et après ses menaces, il est possible que Pyongyang se livre à de nouvelles provocations, histoire de ne pas perdre la face. Sans doute que le régime attendra la fin de l’exercice Key Resolve pour cela.

Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est l’indifférence affichée de Pyongyang à l’égard des remontrances de son allié le plus proche, à savoir Pékin. Depuis quelques semaines, l’on ne compte en effet plus les provocations verbales du régime, en dépit des avertissements lancés par la Chine, laquelle a voté les dernières sanctions visant la Corée du Nord.

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