La Défense britannique doit s’attendre à de nouvelles coupes budgétaires

En 2010, et afin de remettre les finances publiques du pays à flot, le gouvernement de David Cameron a décidé de réduire de 8% le budget alloué au ministère britannique de la Défense (MoD). Seulement, la politique d’austérité budgétaire n’a pas porté ses fruits, étant donné que les prévisions de croissance se sont révélées trop optimistes et que l’inflation a été plus forte qu’attendu. Au final, les comptes ne se sont pas améliorés.

D’où la décision de tailler davantage dans les dépenses publiques et de ponctionner le budget des forces armées britanniques de 735 millions de livres pour la période 2013-2015, soit 20% de l’effort demandé à l’ensemble des ministères. Après, promis, juré, il n’y aura plus de coupes. Mieux même : un plan d’investissement de 159 milliards de livres sur 10 ans a été récemment annoncé.

En attendant, ces mesures d’économies ont contraint les forces britanniques à se réorganiser et à diminuer de format, avec un British Army réduite à 82.000 hommes à l’horizon de 2017. Les autres composantes ont également été affectées, avec, par exemple, une réduction du nombre d’avions de combat pour la Royal Air Force ou encore le retrait anticipé du service actif du porte-aéronefs HMS Ark Royal pour la Royal Navy.

Les plans ont également prévu de retirer les 20.000 militaires britanniques encore présents en Allemagne, ce qui, pour le coup, paraît une décision de bon sens, plus de 20 ans après la fin de la Guerre Froide. Les unités implantées outre-Rhin, pour certaines prestigieuses, vont changer de missions et troquer leurs chars de combats pour des véhicules blindés de patrouille ou de combat d’infanterie, quand elles ne seront pas appelées à disparaître.

Cela étant, il n’est pas acquis que les efforts budgétaires soient terminés en 2015. Cela dépendra évidemment de l’état des finances publiques. Et le Royaume-Uni n’en prend pas le chemin dans la mesure où ses perspectives économiques sont médiocres. Qui plus est, il vient de perdre son triple A auprès de l’agence Moody’s, ce qui n’était pas arrivé depuis 40 ans.

D’où l’hypothèse, « raisonnable », envisagée par le RUSI (Royal United Services Institute) selon laquelle le MoD doit s’attendre à 11 milliards de livres de coupes budgétaires supplémentaires dans les 10 ans à venir.

Pour l’auteur du rapport publié par ce centre de réflexion, Malcolm Chalmers, si la situation économique ne s’améliore pas d’ici-là, ces coupes pourraient même être plus importantes en fonction de ce qui sera décidé à l’occasion de la prochaine revue des dépenses prévue en 2015, laquelle pourrait réduire le budget britannique de la défense de 2,5%. Là, les économies demandées seraient de l’ordre de 17 milliards de livres à l’horizon 2025.

Qui plus est, le plan d’équipement des forces britanniques de 159 milliards sur 10 ans va poser problème, dans la mesure où il n’est pas entièrement financé alors que 95% des engagements ont été pris. D’où de possibles nouvelles coupes dans les dépenses de fonctionnement

Cependant, les contraintes budgétaires n’empêchent pas les dépenses inutiles… Ainsi, un rapport parlementaire a mis en avant que le MoD avait dépensé 1,5 milliards de livres entre 2009 et 2011 pour des équipements dont il n’avait pas besoin. En plus, le rapport a même identié 3,4 milliards de livres d’achats de consommables qui n’ont pas été utilisés.

« C’est particulièrement irritant, surtout à un moment où le financement est serré et que le National Audit Office (Cour des comptes britanniques) a déjà signalé ce problème depuis plus de 20 ans », a commenté Richard Bacon, l’un des membres du comité parlementaire chargé d’établir le rapport.

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