Mali : Le bémol de Jean-Yves Le Drian au sujet du début du retrait français

« La phase ultime de l’intervention française au Mali va durer encore tout le mois de mars et, à partir du mois d’avril, il y aura une diminution du nombre de soldats français au Mali dès lors que les forces africaines seront en relais, appuyées par des Européens », avait affirmé le président Hollande, lors d’une conférence de presse donnée le 6 mars à Varsovie.

Seulement, pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, la date du mois d’avril n’est pas une échéance, mais une hypothèse.

« Nous sommes entrés dans la dernière phase, c’est la phase la plus difficile, on le savait », a-t-il affirmé sur les ondes de France Inter. « Nous sommes dans le calendrier que nous avions initialement envisagé. Lorsque (…) la libération du territoire malien sera achevée, alors à ce moment-là, le relais se fera avec les forces africaines », a-t-il poursuivi. Et de préciser : « L’hypothèse qu’il (ndlr, le président Hollande) a avancée est une hypothèse qui me paraît plausible. »

L’allègement du dispositif militaire français au Mali dépend de deux facteurs. Le premier est l’évolution des combats sur le terrain. Si la libération des principales villes du Nord-Mali qui étaient alors aux mains des groupes jihadistes a été rapide, il reste encore à s’assurer du contrôle de l’Adrar des Ifoghas et à sécuriser les environs de la ville de Gao.

Pour le moment, dans le massif des Ifoghas, seule la vallée d’Amettetaï, la principale, a été conquise par les forces françaises et tchadiennes. D’après le ministre de la Défense, deux autres restent encore à contrôler.

Le deuxième facteur à prendre en compte avant de commencer ce désengagement militaire se joue sur le terrain diplomatique. Pour que les troupes françaises puissent se retirer, il faut qu’une opération de maintien de la paix sous l’égide des Nations unies soit décidée.

Les discussions allant dans ce sens sont actuellement en cours, de même qu’une mission d’évaluation. Ce n’est qu’une fois que ces casques bleus pourront être déployés (vraisemblablement, selon M. Le Drian, ce seront les soldats de la Mission internationale de soutien au Mali – MISMA) que le passage de témoin pourra se faire.

Par ailleurs, si le ministre a mis un bémol sur le début du désengagement du Mali, le président Hollande a tempéré les propos de ce dernier concernant les jihadistes français. A leur sujet, et sur les ondes d’Europe1, M. Le Drian avait évoqué une « constitution d’une espèce de lieu, d’une filière terroriste de guerre, qui pouvait accueillir certains jeunes en quête d’un destin radical, comme certains ont pu le faire en Afghanistan ou en Syrie. »

« Je ne pense pas qu’on puisse parler de filière », a estimé le chef de l’Etat lors d’une manifestation entrant dans le cadre de la Journée internationale de la femme. « Il y a effectivement un certain nombre de concitoyens perdus, parfois travaillés par des milieux extrémistes et fondamentalistes, qui peuvent se retrouver sur un certain nombre de théâtres d’opérations. Comme on l’a vu en Afghanistan, au Pakistan, on le voit au Mali, et la lutte contre le terrorisme, c’est une lutte qui doit se faire partout », a-t-il ajouté.

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