Le secrétaire général de l’Otan ne ménage pas sa peine contre les coupes dans les dépenses militaires européennes

Au lendemain de la fin de l’Union soviétique et de la guerre froide, Laurent Fabius, actuellement ministre des Affaires étrangères, avait affirmé qu’il était désormais temps de « récolter les dividendes de la paix », et cela, sans en attendre les bénéfices. Seulement, les conflits ne sont pas arrêtés du jour au lendemain, de nouveaux ont même éclaté. Et l’on ne compte plus les interventions militaires françaises sur un théâtre extérieur, que ce soit dans les Balkans, en Côte d’Ivoire, au Liban, et plus récemment, en Afghanistan et au Mali.

Aussi, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, préfére parler de « dividendes de la défense ». C’est en tout cas ce qu’il a fait dans une tribune publiée le 25 février. Depuis des mois, l’ancien Premier ministre danois ne ménage pas sa peine pour tenter de convaincre les responsables européens, d’éviter de réaliser des coupes à la fois trop importantes et brutales dans les dépenses militaires.

Le mois dernier, il a mis cette question sur le tapis à l’occasion de la présentation du rapport annuel de l’Otan. Et il a récidivé la semaine passée, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’Alliance à Bruxelles.  »

« Mon estimation, c’est que si les coupes (dans les budgets de la Défense) continuent, cela aura un impact négatif sur notre capacité à fournir une défense efficace et une protection à nos populations », a-t-il lancé. « Maintenez la lignes, cessez les coupes », a-t-il poursuivi, en appelant les alliés à augmenter de nouveau leurs dépenses militaires une fois que les crises économiques et budgétaires seront passées.

Depuis 2008, en effet, les dépenses militaires des pays membres de l’Otan ont globalement baissé de 50 milliards de dollars et seulement 4 d’entre-eux affectent au moins 2% de leur PIB à leur budget de la Défense alors que le reste du monde – ou du moins une partie – se réarme massivement. Et cette tendance risque de ne pas s’inverser à court-terme, notamment en France où des décisions difficiles sont attendues.

« En ces temps difficiles sur le plan économique, nous sommes tous très conscients que la sécurité a un prix, mais celui de l’insécurité est bien plus élevé. La défense est notre première assurance dans un monde complexe et imprévisible », a fait valoir Anders Fogh Rasmussen dans sa récente tribune, après avoir avancé que les « menaces (terrorisme, piraterie, prolifération, cyber-attaques, etc…) ne disparaîtront pas tant que les membres de l’Otan resteront absorbés par leur situation financière. »

« Notre mode de vie est basé sur la sécurité et la stabilité, sans lesquelles l’investissement disparaît, l’emploi s’écroule et l’économie s’effondre », a-t-il encore insisté.

Selon le secrétaire général de l’Otan, les « puissances militaire et diplomatique sont complémentaires » car « pour être efficace, nous avons besoin des deux. » Et d’expliquer : « La diplomatie reste l’outil privilégié pour faire face aux problèmes de sécurité internationale, mais notre puissance militaire donne du poids à nos déclarations et augmente nos chances de succès. »

Enfin, un autre argument avancé par M. Rasmussen en faveur du maintien, voire de l’augmentation des dépenses militaires, est que les « investissements consacrés à la défense constituent aussi un atout pour nos industries de pointe. » Peu de gens le savent, mais comme l’a souligné l’ancien Premier ministre danois, « les programmes de recherche menés dans le domaine de la défense ont déjà transformé nos vies avec les avions à réaction, internet, le GPS. »

« Les décisions d’aujourd’hui en matière de défense seront lourdes de conséquences demain pour la sécurité de nos enfants », a averti, pour conclure, le secrétaire général de l’Otan.

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