Le C-160 Transall a 50 ans

Il y a 50 ans, l’on ne parlait pas de Politique de sécurité et de défense commune (PeSDC), ni de mutualisation des capacités et des moyens et l’Agence européenne de défense n’existait pas. Qui plus est, le projet de création d’une armée européenne (la Communauté européenne de défense, CED), venait d’être rejeté par l’Assemblée nationale française.

Pour autant, la France et l’Allemagne, associées pendant un temps à l’Italie, réussirent ensemble à faire aboutir un programme d’avion de transport, en l’occurrence, le C-160 Transall. D’autres projets menés en collaboration réussiront par la suite : ce sera par exemple le cas de l’Alphajet (Dassault Aviation/Dornier) ou bien encore celui du Jaguar, fruit d’un travail commun franco-britannique (Bréguet et British Aircraft Corporation ayant créé la co-entreprise SEPECAT).

Pourquoi parler du C-160 Transall maintenant? Parce qu’il y a tout juste 50 ans, le prototype de cet appareil (C160-V1) effectuait son premier vol depuis l’aéroport de Melun-Villaroche, avec Jean Lanvario, le chef-pilote de Nord-Aviation aux commandes ainsi que les ingénieurs navigants Jean Gaillard, Lucien Goypieron et Louis Bonfand.

Le projet avait été lancé en décembre 1958, à une époque où l’on songeait à renouveler la flotte des appareils de transport. Deux solutions s’offraient alors : l’achat « sur étagère » du C-130 Hercules ou la recherche d’une coopération en Europe pour développer un nouvel avion de transport. Ce fut donc la seconde option qui prévalut, avec le succès que l’on sait.

Comme le soulignait récemment Charles Edelstenne, l’ancien Pdg de Dassault Aviation, les coopérations européennes en matière d’armement sont possibles à condition qu’il y ait un soutien financier des Etats ainsi qu’un « organisation simple et clair », notamment avec un seul interlocuteur et un maître d’oeuvre unique.

Dans le cas du Transall, et après de longues discussions entre les gouvernements, les spécifications du nouvel avion firent l’objet d’un accord. Et comme il n’y avait pas d’agence européenne à l’époque, Paris avait délégué à Bonn ses pouvoirs pour la passation des marchés des phases prototype et présérie. Quant à l’architecture industrielle, elle comptait trois entreprises, à savoir Nord Aviation pour la France et Weser Flugzeugbau (WFB) et Hamburger Flugzeugbau (HFB) pour l’Allemagne.

Et s’il n’y avait pas de maître d’oeuvre unique, une entreprise pilote -WFB – fut désignée, et le travail réparti en fonction des points forts des industriels impliqués.

Cela étant, la mise au point du C-160 Transall ne fut pas sans accrocs, des problèmes concernant le tableau de bord et les commandes de vol ayant dû être réglés. Mais cela n’empêcha pas le premier exemplaire d’entrer en service en 1967, au sein de la 61e Escadre de transport d’Orléans-Bricy. Qui plus est, cet avion franco-allemand connaîtra un petit succès à l’exportation, avec l’Afrique du Sud et la Turquie.

Depuis, les C-160 Transall de l’armée de l’Air ont connu une vie opérationnelle des plus active, que ce soit en Afrique, où les interventions françaises ont été relativement nombreuses en 50 ans, ou bien encore en Europe. Certains d’entre eux sont utilisés pour des missions spéciales, comme ceux de l’escadron 3/61 Poitou.

Enfin, les Transall de l’armée de l’Air ne sont pas toujours employés pour des tâches de transport. Par le passé, 4 d’entre eux furent transformés en relais de communication aéromaritimes (version Astarté, pour Avion Station Relais de Transmissions Exceptionnelles).

Encore aujourd’hui, deux exemplaires assurent des missions de renseignement et de guerre électronique (version Gabriel). Ils seront d’ailleurs difficiles à remplacer, étant donné que l’on n’imagine mal que des A400M « Atlas » soient entièrement dédiés à cette tâche.

Quoi qu’il en soit, le retrait en décembre 1986, du dernier Nord Atlas (surnommé « la Grise »), avait laissé un peu de nostalgie chez ceux qui avaient pu voler à bord. Sans nul doute en sera-t-il de même pour le Transall, qui aura été le compagnon de nombreuses générations de pilotes, de mécaniciens mais aussi de parachutistes.

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