Mali : L’aviation française aurait visé des véhicules du Mouvement des arabes de l’Azawad

La donne se complique au Nord-Mali, où les groupes armés rivaux se combattent ouvertement. Outre les jihadistes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest et Ansar Dine, il faut compter avec les indépendantistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ainsi que les militants du Mouvement des arabes de l’Azawad (MAA).

Au cours du premier semestre 2012, la situation était facile à comprendre : tout ce beau monde n’avait qu’un seul ennemi, c’est à dire l’armée malienne, qu’il fallait chasser du Nord-Mali. Mais par la suite, les rivalités entre jihadistes d’un côté et indépendantistes laïcs d’un autre ont éclaté au grand jour. Qui plus est, un nouveau groupe est apparu depuis l’intervention militaire française, la scission d’Ansar Dine ayant donné naissance au Mouvement islamique de l’Azawad.

Bien évidemment, au gré de l’évolution militaire de la sitution, chacun cherche à tirer son épingle du jeu. Ce qui laisse à penser qu’une fois l’objectif de chasser les jihadistes du Nord-Mali sera atteint, l’on n’en aura pas fini avec les problèmes politiques. Mais pour l’instant, c’est une autre histoire.

Quoi qu’il en soit, il est dit que le MNLA collabore avec les troupes françaises engagées dans l’opération Serval, notamment dans l’Adrar des Ifoghas, que ses militants connaissent bien et où les groupes jihadistes se sont retranchés après avoir quitté les grandes villes du Nord-Mali. Ce serait une des raisons pour laquelle cette organisation a été particulièrement visée par un attentat suicide commis à Kidal et revendiqué par le Mujao.

Mais le MNLA n’a pas que les jihadistes sur le dos. Le MAA a également une dent contre lui, d’où les affrontements qui se sont déroulés entre les militants de ces deux organisations à El-Khalil, au cours du 23 février. Son porte-parole, Boubacar Taleb, en a donné les raisons : il s’agissait de représailles à l’encontre des touareg, accusés d’avoir commis des exactions contre les Arabes du Nord-Mali.

Seulement, l’aviation française serait intervenue contre le MAA, en bombardant une de ses bases à Infara, à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. « Quatre combattants du MAA ont été blessés », a avancé Boubacar Taleb.

« Ce sont des avions français (…) qui ont bombardé notre base. Cinq véhicules appartenant à notre mouvement ont été également détruits », a-t-il précisé, en dénonçant le « soutien ouvert » de la France au MNLA.

« Aujourd’hui nous sommes massacrés par la France, le MNLA, les terroristes et le gouvernement malien dans l’indifference générale », a-t-il insisté.

Ses propos ont été confirmés par une source sécuritaire régionale. « Des appareils militaires français ont bombardé dimanche les positions du MAA tout juste à côte de la frontière algérienne », a-t-elle affirmé.

Cependant, le MNLA a quant à lui avancé avoir été attaqué par le Mujao et une fraction de ce dernier, Ansar al-Charia. Au moins 9 prisonniers appartenant à ces deux organisations seraient entre ses mains.

Quant au MAA, il s’agit à l’origine d’un groupe autonomiste créé en mars 2012. D’après le MNLA, son existence aurait été brève. Mais toujours est-il, qu’apparemment du moins, il est toujours là. Selon Babacar Taleb, il serait très tôt démarqué des mouvements jihadistes et rebelles tout en apportant son soutien aux autorités maliennes. Mais jusqu’à présent, il s’était surtout fait très discret.

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