Mali : En plus de la former, il faudra aussi équiper l’armée malienne
Un reportage diffusé il y a quelques semaines dans le cadre de l’émission de France 5 « C dans l’air » ne manquait pas de sel. L’on pouvait y voir des soldats maliens à l’entraînement, simulant des coups de feu comme des gamins le font dans une cour de récréation, faute de cartouches à blanc.
Un des obstacles majeurs à la formation des forces armées maliennes, laquelle est officiellement du ressort de l’EUTM Mali (European Union Training Mission) depuis le 18 février, est leur sous-équipement. L’on peut assurer l’instruction d’autant de bataillons que l’on voudra, sans matériel, l’on n’obtiendra pas les résultats voulus, qui sont pour le moins ambitieux.
« L’objectif visé est de permettre à l’armée malienne d’acquérir à moyen terme les capacités de combat nécessaires pour faire face à la menace intérieure tout en contribuant à la stabilité de l’ensemble de la sous-région », a ainsi expliqué, le 20 février, le général Ibrahima Dahirou Dembélé, le chef d’état-major général de l’armée malienne.
« C’est un objectif complexe », a-t-il admis. Mais, a-t-il poursuivi, « chasser les terroristes du Mali sans former l’armée pour remettre à niveau ses capacités opérationnelles équivaudrait à soigner le symptôme de la maladie en ignorant les causes ».
« Le problème des équipements est un problème majeur », a souligné le général français François Lecointre, le commandant de l’EUTM Mali. Mais, a-t-il ajouté, il « doit d’abord être pris en compte par l’Etat malien ». « C’est la responsabilité du Mali d’équiper ses armées » car « si le Mali est pauvre, l’armée malienne est encore plus pauvre », a-t-il avancé.
A ce sujet, le général Lecointre a en outre estimé « très décevante » la conférence des donateurs qui s’est tenue à la fin du mois dernier à Addis-Abeba (Ethiopie) car beaucoup de dons ont été proposés à la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) mais « pas à l’Etat malie. Or, a-t-il expliqué, « il est essentiel que le Mali reçoive des dons en équipements, au moins autant que la Misma. »
« L’Union européenne doit aujourd’hui investir dans l’équipement de l’armée malienne et non pas seulement sa formation », a ainsi estimé le général Lecointre. Selon les estimation, le coût de l’EUTM Mali, à laquelle 16 pays de l’UE participent, devrait être au minimum de 12,3 millions d’euros. Et cette somme ne couvre que « les frais de fonctionnement généraux de la mission. »
