Quelques échos sur le prochain Livre blanc sur la Défense

Attendue pour le mois de février, la publication du prochain Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale (LBDSN) aura finalement lieu dans quelques semaines. L’intervention militaire française au Mali aura quelque peu bousculé les certitudes (du moins chez ceux qui en avaient) et montré, si cela était nécessaire, que le monde d’aujourd’hui n’est pas moins dangereux qu’il y a 5 ans.

D’où la difficulté de l’exercice que doit accomplir la commission présidée par le diplomate Jean-Marie Guéhenno : à budget contraint, comment garder les capacités militaires qui permettront de faire face aux menaces et aux enjeux actuels et de demain. Et les dernières nouvelles économiques n’incitent guère à l’optimisme : le gouvernement a reconnu que l’objectif de réduction du déficit à 3 % du PIB fin 2013 ne sera pas atteint et la prévision de croissance, de seulement 0,8%, devra être révisée.

Via Twitter, Jean-Marie Guéhenno a fait savoir que les travaux ont cependant avancé. « Avant-projet de Livre blanc terminé il y a 8 jours : des choix difficiles, mais un projet politique positif se dessine », a-t-il en effet écrit le 17 février.

Cela étant, l’élaboration de ce LBDSN ne va pas sans grincements de dents. Ainsi, le général Bernard Thorette invité à plancher sur les « cohérences capacitaires » des armées, a claqué la porte en décembre dernier, selon Jean-Dominique Merchet. La cause en serait un désaccord sur les conclusions d’un document auquel l’ancien chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) n’avait pas été associé.

Mais la soupe à la grimace risque d’être servie quand il s’agira de préparer la prochaine Loi de Programmation Militaire en fonction des recommandations du LBDSN, à condition toutefois que ces dernières soient validées par le président Hollande. Et là, d’après LaTribune.fr, il faut s’attendre à un « tsunami », avec des dépenses militaires qui passeraient sous le seuil des « 1,3% du PIB ». Autant dire des cacahuètes rapporté à la dépense publique de la France, laquelle représente 56% du PIB.

« Nous avons un outil opérationnel performant et jalousé même si nos armées ont bien sûr des lacunes, une industrie de l’armement parmi les meilleures au monde, qui emploie des salariés non délocalisables et nous allons vraisemblablement tout casser », a confié une officier général interrogé par l’hebdomadaire économique. Pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là et sans doute des mesures seront prises pour atténuer la portée de certaines décisions. Elles sont connues : étalement des programmes et réduction des commandes.

Mais, comme l’a rappelé Jean-Marie Guéhenno via son compte Twitter (ndlr, @JGuehenno), des choix « difficiles » ont été faits. Difficile de savoir lesquels. Cependant, Patricia Adam, la présidente de la commission « Défense » de l’Assemblée nationale et qui participe aux travaux du LBDSN, a livré quelques indications le 8 février dernier à l’hebdomadaire spécialisé Le Marin.

Ainsi, selon elle, les enjeux de sécurité nationale et de défense sont « essentiellement maritimes ». Par conséquent, il faudra « dimensionner la Marine nationale à la hauteur de ces enjeux ». S’il n’est pas question d’un second porte-avions pour le moment, en revanche, il est « impensable », pour la parlementaire bretonne, de diminuer le nombre de frégates multimissions (FREMM) commandées.

Deuxième certitude avancée par Mme Patricia Adam, les 6 sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda n’est pas menacé. « Il est techniquement impossible d’amputer (ce) programme », a-t-elle affirmé. Car outre leur mission de protéger les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et le groupe aéronaval du Charles de Gaulle, ils peuvent être utilisés à des fins de renseignement, domaine qui devrait être prioritaire, comme l’a déjà clairement indiqué le président Hollande. « Six SNA est un minimum qui ne peut être remis en cause », a-t-elle insisté.

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