Les opérations de l’US Navy affectées par les problèmes budgétaires

Faute de trouver, d’ici le 1er mars, un accord au Congrès pour relever le plafond légal de la dette américaine, des coupes dans les dépenses fédérales seront automatiquement effectuées. Pour le Pentagone, cela se traduirait par une baisse de 10% de son budget dès le prochain exercice fiscal.

D’où des mesures d’économies prises par anticipation et des déclarations alarmistes de responsables militaires pour presser les parlementaires à trouver un accord afin d’éviter ce scénario.

Pour l’US Navy, la difficulté sera de réaliser continuer ses opérations tout en renouvelant ses navires. Pour commencer, le nombre de ses derniers devrait passer de 313 à 306, qui est, selon un porte-parole de la marine américaine, le niveau minimum « de capacité pour faire face aux menaces et soutenir les orientations stratégiques de la Défense définies en 2012. » Et d’insister : « Notre rythme opérationnel au cours de l’année écoulée réaffirme notre besoin d’un minimum de 306 navires. »

Premières victimes de cette décision : les sous-marins nucléaires lance-missiles de croisière (SSGN), en fait 4 navires lanceurs d’engins de la classe Ohio transformés pour pouvoir tirer des missiles de croisière Tomahawk. Ce type de bâtiment, par ailleurs utilisé pour les opérations spéciales, a été à l’oeuvre dans les premiers jours de l’intervention militaire en Libye, en mars 2011.

Il était prévu de maintenir ses SSGN jusqu’à ce que leur combustible nucléaire soit épuisé, soit dans les années 2026-2029. Pour remédier à ce retrait, l’US Navy compte augmenter la capacité d’emport en missiles de croisière de ses sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Virginia, dont 9 ont déjà été livrés sur les 30 commandés.

Mais au-delà ces plans, les éventuelles restrictions budgétaires à venir ont déjà des conséquences sur l’activité opérationnelle de l’US Navy. Ainsi, il est question de réduire sa présence dans le golfe Persique. Depuis 2001, la marine américaine a pour objectif de disposer en moyenne 1,7 porte-avions dans la zone de responsabilité de sa Ve Flotte, dont le quartier général est établi à Bahrein.

Seulement, cette posture n’est plus possible à tenir et le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a approuvé, la semaine passée, la décision de ne déployer plus qu’un seul porte-avions dans cette région. D’ici quelques semaines, l’USS John C Stennis sera ainsi remplacé par l’USS Dwight D. Eisenhower. Et l’USS Harry S. Truman, qui devait appareiller pour le golfe Persique dès ce mois, est resté à quai. Cette mesure devrait permettre d’économiser quelques centaines de millions de dollars.

Plus généralement, et c’est une autre conséquence des restrictions budgétaires, la marine américaine ne sera sans doute plus en mesure, à l’avenir, de maintenir 11 porte-avions en service, bien que ce niveau soit exigé par la loi américaine. Cela étant, c’est déjà le cas : en décembre dernier, l’USS Enterprise a en effet terminé sa vie opérationnelle sans attendre d’être remplacé par l’USS Gerald Ford, un bâtiment de nouvelle génération.

Plus ennuyeux est le manque de crédits pour financer la refonte (RCOH – Refueling Complex Overhaul) à mi-vie de l’USS Abraham Lincoln. La marine américaine a annoncé, le 8 février, que cette dernière a été retardée alors que ses deux réacteurs nucléaires du navire doivent être impérativement rechargés.

Devrait suivre ensuite, pour le même type d’opération, l’USS George Washington. Déjà, en octobre 2011, le financement de ces travaux n’était pas assuré. D’où les craintes que ce navire soit désarmé vers 2016-2021 alors qu’il pourrait naviguer pendant 20 ans de plus.

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