Mali : Des enfants soldats dans les rangs jihadistes

Des rapports d’organisations humanitaires vont tous dans le même sens : les groupes jihadistes ont recruté, massivement semble-t-il, des enfants soldats au temps où ils occupaient les villes du Nord-Mali. La Coalition malienne des droits de l’enfant (Comad), qui regroupe 78 associations, avait rendu compte de ce phénomène dans une enquête publiée en août dernier.

« La situation est très grave et inquiétante, pour nous, organisations défenseurs des droits de l’homme et de l’enfant, parce que nous avons des informations de sources concordantes que des centaines d’enfants, entre 9 ans et 17 ans, sont en train d’être exploités à des fins militaires et idéologiques, en toute impunité, par des groupes armés au nord du Mali », avait expliqué, à l’époque, Mamoud Lamine Cissé, le président de cette organisation.

L’envoyée spéciale de France Infos au Mali, Anne Lamotte, a recueilli le témoignage d’un journaliste malien habitant à Tombouctou, ville désormais contrôlée par les forces françaises et africaines. Ce dernier a ainsi assuré avoir vu les militants d’al-Qaïda au Maghreb islamique chercher à endoctriner des enfants âgés d’au moins 10 ans. D’abord en leur donnant de « petits cadeaux », puis en les faisant participer à des prières collectives. Ces gamins leur servaient ensuite d’informateurs. « Ils pouvaient s’introduire dans telle ou telle maison et rapporter les activités d’untel ou d’untel », a-t-il expliqué.

Ce phénomène a également été confirmé par la représentante de l’Unicef au Mali, Françoise Ackermans, lors donné un entretien à l’AFP. « C’est quelque chose qui a eu lieu dans d’autres pays mais qui n’a pas de précédent au Mali. Aujourd’hui, on a la certitude qu’il y a des centaines d’enfants qui sont enrôlés dans des groupes armés. (…) Les petites filles – on n’en parle pas beaucoup, il y en a généralement très peu – vous pouvez imaginer à quoi elles servent: elles vont peut-être faire la cuisine, mais elles vont faire beaucoup d’autres choses. Peu importe le groupe, quand il y a des enfants, il faut leur venir en aide », a-t-elle expliqué.

Et le problème est que ces enfants enrôlés dans rangs jihadistes sont difficiles à identifier. « Aujourd’hui, c’est au compte-gouttes qu’ils sortent de ces groupes armés », a indiqué François Ackermans.

Les jihadistes du Nord-Mali ne font que répéter ce qu’ont fait avant eux leurs homologues établis au Pakistan et en Afghanistan. A la différence que, pour le moment, aucun de ces enfants n’a été impliqué dans une attaque suicide. En 2011, les services de renseignement afghans indiquèrent que « plus de 80% des kamikazes capturés » avant un passage à l’acte au cours des 9 derniers mois « étaient des garçons mineurs, généralement âgés de 13 à 17 ans. »

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