Soldes : L’abandon temporaire de LOUVOIS préconisé pour l’armée de Terre

L’hypothèse d’un abandon du système Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde) avait été avancée en novembre dernier, devant l’ampleur des dysfonctionnements de ce dernier, à l’origine de nombreuses erreurs dans le versement des soldes des militaires de l’armée de Terre.

Désormais, ce n’est plus une hypothèse mais une recommandation du chef du Contrôle Général des Armées, Christian Piotre, faite dans une note adressée au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et diffusée par le site armee-media.com.

Pour le moment, seuls le Service de Santé des Armées (SSA), la Marine nationale et l’armée de Terre ont raccordé leur système de gestion de ressources humaines (SIRH) au système Louvois.

Il s’agit d’une première étape d’un projet beaucoup plus vaste visant à mettre en place un opérateur national de paye (ONP) par la Direction générale des Finances publiques, qui concernera tous les fonctionnaires, civils et militaires et auquel seront raccordés tous les SIRH des ministères (programme Source). En quelque sorte, Louvois n’est qu’un élément de ce futur système.

Seulement, comme on l’a vu, les choses ne sont pas bien passées pour ce qui concerne notamment l’armée de Terre. Au point que le ministre de la Défense a lancé un plan d’actions pour prendre en compte les situations personnelles délicates causées par les ratés de Louvois, pour lequel au moins 75 bugs ont été repérés.

Au bout d’une enquête de 5 mois, le contrôleur général des armées Gilles Grollemund et le contrôleur des armées Thierry Marjolet recommandent « vivement » donc « un retour provisoire à un calcul de la solde de l’armée de Terre par son ancien calculateur, dit ‘Pérennité du système d’informations des droits individuels’ (PSIDI) », actuellement utilisé pour la solde des 95.000 militaires de la Gendarmerie.

En procédant de la sorte, cela permettrait d’alléger la charge de Louvois en lui retirant 130.000 dossiers à traiter chaque mois. Du coup, il y aurait plus de latitude pour corriger les défauts techniques afin de « garantir au Service de santé des armées et à la marine un fonctionnement nominal de l’outil avec des cycles réguliers du traitement de la solde.

Il va sans dire que l’armée de l’Air, qui aurait dû raccorder son SIRH Orchestra à Louvois en septembre dernier, puis au printemps prochain, ne devrait finalement pas avoir à le faire en 2013. Il est donc désormais question de 2014, si tout se passe bien. Quant à la gendarmerie, le raccordement de son système de gestion de ressources humaines pourrait se faire au plus tôt en 2015, voire même pas du tout, l’idée qu’il soit relié directement à l’ONP ayant été avancée.

Ce retour à la situation antérieure serait « réalisable techniquement et fonctionnellement » dans un délai estimé par les rapporteurs entre 10 et 14 mois. Et selon la note du chef du CGA, cette solution permettrait d’attendre le raccordement du SIRH de l’armée de Terre, appelé Concerto, au SIRH unique ministériel (SOURCE) au 1er semestre 2017.

Quoi qu’il en soit, les options pour régler ce problème de soldes sont limitées et le statu quo est intenable car la situation s’aggrave au fil des mois. « Le contrôle général des armées estime que la persistance des difficultés constatées actuellement devrait perdurer plus de deux ans sans que l’on soit certain de les résoudre à ce terme dans le cadre de la configuration actuelle SIRH-Louvois », fait valoir la note.

Et il y a urgence car le même document indique, en annexe, que « la situation de l’écosystème RH-solde est alarmante au 25 janvier 2013 », avec une hausse de 11% des incidents en 5 mois et les « dysfonctionnement d’aujourd’hui préfigurent de nouvelles difficultés à venir. »

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