L’Espagne veut vendre au Pérou des Eurofighter d’occasion

Les temps sont durs pour les forces armées espagnoles. Contraintes de réaliser des économies dans le cadre d’une politique d’austérité visant à rétablir les finances publiques du pays, elles doivent prendre certaines décisions difficiles. Comme par exemple retirer du service actif le porte-aéronefs Principe de Asturias, alors que ce bâtiment a encore du potentiel. Son sort n’est pas encore décidé : il pourrait être vendu à ferrailleur ou bien à un autre Etat.

Être revendus à un pays tiers, c’est ce qui attend aussi les 20 avions de combat de type Eurofighter (tranche 1) espagnols. Ou du moins une partie d’entre eux. Ces appareils pourraient prendre la destination du Pérou, lequel cherche à moderniser ses forces aériennes.

D’ailleurs, à cette fin, Lima s’intéresserait aux avions Rafale, Gripen NG, F/A 18 Super Hornet, MiG-35, Sukhoi 30/35 ainsi qu’à l’Eurofighter. Des demandes d’informations auraient été adressées aux constructeurs de ces appareils. Seulement, les moyens du Pérou sont plus que limités…

Les forces aériennes péruviennes mettent en oeuvre une flotte d’appareils plutôt hétéroclite, avec cependant une dominante russe. Elles sont notamment dotées de MiG-29 acquis auprès de la Biélorussie mais aussi d’une dizaine de Mirage 2000 P/DP, en service au sein l’Escuadron Aerea 411 « Hawk » et achetés dans les années 1980.

Seulement, aussi bien les MiG-29 que les Mirage 2000 P/DP demandent des remises à niveau. Pour les premiers, un accord visant la rénovation de 8 appareils avait été conclu en 2008 pour 106 millions de dollars. Il faudrait 400 millions de plus pour moderniser les avions restants.

Pour les seconds, les porter au standard 2000-5 nécessiterait un investissement de 480 millions de dollars, lesquels s’ajouteraient aux 140 millions nécessaires pour simplement leur redonner du potentiel et les remettre à niveau.

C’est dans ce contexte que Madrid a donc proposé à Lima de céder une douzaine d’Eurofighter à 61 millions de dollars l’unité. L’affaire a été discutée lors de la visite au Pérou faite le mois dernier par Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol. Selon la presse péruvienne, si les négociations aboutissent, les Eurofighter seraient livrés au cours de l’année suivant la signature du contrat.

Mais, visiblement, le dossier connaît quelques complications. Tout d’abord, il semblerait que le ministère péruvien de la Défense n’est pas très chaud à l’idée d’acquérir des Eurofighter d’occasion et qu’il regarde plutôt du côté russe. Les coûts de maintenance et d’exploitation de l’avion européen y seraient pour quelque chose…

Et plus généralement, les conditions posées par le gouvernement péruvien sont loin de satisfaire Madrid dans la mesure où il entend faire baisser le prix unitaire des appareils et les payer plus tard selon un circuit de financement « compliqué ». Une façon de refuser poliment l’offre espagnole?

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