Tokyo accuse l’aviation russe d’avoir violé son espace aérien

Le Japon n’est pas seulement un contentieux territorial avec la Chine. Il en a aussi avec la Russie, au sujet des îles Kouriles, appelées Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri par les Japonais. En 1855, la question de leur appartenance avait été réglées par le traité de Shimoda, en vertu duquel Moscou consentait à céder cet archipel à Tokyo.

L’affaire en était restée là jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le Japon vaincu, Staline en profita pour annexer l’archipel. Depuis, cette question empoisonne les relations russo-nippones au point d’empêcher la signature d’un accord de paix attendu depuis presque 70 ans entre les deux pays.

L’intérêt de ces îles est double : de par leur position, elles verrouillent l’accès de la mer d’Okhotsk, d’où leur importance stratégique pour la Flotte russe du Pacifique, et elles sont riches en ressources halieutiques ainsi qu’en minéraux polymétalliques.

Depuis quelques années, la Russie renforce ses positions militaires dans les îles Kouriles, ce qui ne va pas sans provoquer quelques tensions. Ainsi, le 9 février 2012, 5 avions russes furent repérés alors qu’ils évoluaient près de l’espace aérien japonais. Parmi ces appareils figuraient 2 SU-24 Fencer, 2 bombardiers Tupolev TU-95 et, pour la première fois, 1 A-50 Mainstay de détection et d’alerte avancée.

L’on en était resté là jusqu’à un nouvel incident, presque un an plus tard. En effet, selon le ministère japonais de la Défense, deux avions russes de type Sukhoï SU-27 Flanker ont brièvement violé l’espace aérien nippon, ce 7 février, au large de l’île de Hokkaido. Une protestation officielle a été émise par Tokyo auprès de Moscou.

Cette intrusion est survenue quelques heures après que le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a déclaré vouloir faire tout son possible « pour signer un traité de paix avec la Russie » une fois que l’affaire des Kouriles sera réglée. En outre, lors de son entrée en fonction, en décembre, ce dernier avait convenu avec le président russe, Vladimir Poutine, de relancer les négociations à cette fin. Et surtout, elle a eu lieu le jour anniversaire de la signature du traité de Shimoda…

Côté russe, l’on a démenti cette violation de l’espace aérien japonais. « L’aviation navale de la Flotte du Pacifique effectue régulièrement des vols dans cette région en stricte conformité avec les règles internationales de navigation aérienne et sans violer les frontières d’autres Etats », a fait valoir le capitaine de vaisseau Roman Martov, le porte-parole de la Région militaire Est.

Toujours selon ce dernier, des avions de lutte anti-sous-marine russes ont en effet survolé les îles Kouriles et la mer d’Okhotsk « afin d’améliorer leur expérience de pilotage dans de mauvaises conditions météorologiques » et « d’explorer la situation glaciaire dans les détroits au profit de la navigation civile. »

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