Afghanistan : La mise en garde du général Allen pour l’après 2014

Eclaboussé par l’affaire Petraeus en étant mis en cause pour avoir avoir entretenu une volumineuse correspondance « déplacée » avec une femme mariée, le général John Allen a finalement été blanchi par le Pentagone le mois dernier, ce qui lui permettra de remplacer l’amiral James Stavridis en tant que Supreme Allied Commander Europe (SACEUR). Mais avant, l’officier doit quitter son poste de commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployées en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan. Cela devrait être fait le 10 février prochain.

Lors de son temps de commandement, le général Allen a dû composer avec le retrait d’une partie des troupes de la coalition et gérer plusieurs affaires sensibles ainsi que des relations difficiles entre l’administration Obama et le président Karzaïet tout en assurant la montée en puissance des forces de sécurité afghanes. Au début de cette année, ces dernières comptent 352.000 hommes, ce qui est conforme aux objectifs affichés jusque-là, malgré les difficultés rencontrées pour le recrutement et les risques d’inflitrations d’insurgés dans leurs rangs.

Seulement, après 2014 et le retrait de l’ISAF, le format des forces afghanes devrait être ramené à 228.500 hommes, conformément aux plans de l’Otan et en fonction de l’aide financière internationale accordée à Kaboul. Ce à quoi le général Allen a opposé une mise en garde dans un entretien accordé au quotidien Le Monde (édition du 6 février).

« Ce qui compte à nos yeux pour la période post-2014, c’est la garantie de stabilité et de sécurité au gouvernement qui sera aux commandes du pays après notre départ. C’est le point essentiel » a-t-il affirmé, avant d’avancer que « cela plaide pour, aujourd’hui, pour le maintien de ces 352.000 » hommes « plus longtemps que prévu intialement.

Et de préciser que « cette réflexion vient de se dégager », le « but étant de permettre au gouvernement de redémarrer le pays. » Est-ce une manière de sous-entendre ainsi que le régime afghan est plus fragile qu’il est officiellement admis? Le général Allen a répondu à cette question par une pirouette. « Je ne sais pas à quoi ressembleront les prochaines années et aucun d’entre nous ne le sait » a-t-il dit. « Mais nous ne devons pas artificiellement contribuer à la déstabilisation du pays », a-t-il ajouter. Et pour l’officier américain, « une trop brutale réduction des forces afghanes aurait cet effet. »

Seulement, le maintien de ces effectifs pendant encore plusieurs années – il est question de 2017, voire 2018 – a un coût, évalué à un « peu moins de 2 milliards de dollars » par le général Allen, lesquels viendraient s’ajouter aux 4,1 milliards déjà consentis par l’Otan. « Si nous considérons (…) qu’il est du plus haut intérêt de préserver la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan, que représente cette somme pour trois années supplémentairesN », a demandé le prochain SACEUR. Ce serait un « message fort adressé au Pakistan et aux taliban : l’Afghanistan sera en mesure de se défendre », a-t-il encore avancé.

Quant à la question du maintien de forces américaines en Afghanistan après 2014, elle ne pourra être réglée qu’à la condition que si une immunité juridique leur est accordée par Kaboul. Ce qui n’est pas encore le cas actuellement. Mais le général Allen connaît l’histoire, et en particulier celle concernant l’expérience afghane de l’Armée rouge. « Tant que les conseillers soviétiques sont restés aux côtés des autorités afghanes et tant que le soutien financier de Moscou a été maintenu, le régime (ndlr, du président Najibullah) a tenu. Quand les conseillers sont partis et l’aide coupée, tout s’est écroulé » a-t-il rappelé.

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