Comment les forces armées canadiennes font face aux coupes budgétaires

Avec la fin de la Guerre froide, le Canada avait massivement taillé dans ses dépenses militaires, au point que certains qualifièrent les années 1990 de « décennie de la noirceur ». Mais, depuis 2006, la tendance s’est inversée sous l’impulsion du gouvernement conservateur de Stephen Harper, avec une hausse du budget de la défense de 1 milliard de dollars canadiens par an.

Seulement, comme le dit l’adage boursier, les arbres de montent pas jusqu’au ciel, les forces canadiennes vont à nouveau être confrontées à des coupes budgétaires afin de prendre leur part à l’effort d’assainissement des finances publiques. Leurs ressources annuelles pourraient ainsi passer de 21 à 18,5 milliards de dollars d’ici 2014-2015.

Dans ces conditions, il faut donc trouver des économies et les forces canadiennes ont quelques pistes qui seraient susceptibles de donner des idées en France, où le ministère de la Défense devra contribuer, pas plus mais pas moins que les autres, à la réduction des déficits publics.

Parmi ces pistes, la première concerne les forces terrestres canadiennes, lesquelles vont supporter une grande part des économies demandées. Cela s’explique en partie par la fin de l’engagement en Afghanistan. Ainsi, leur budget serait réduit de 22% pour le prochain exercice, ce qui est considérable. Dans ces conditions, il sera compliqué de maintenir le niveau d’entraînement des forces et de garder certaines capacités, comme par exemple en matière de renseignement.

Pour absorber ce choc, la recette est connue : report de certains programmes d’équipements quand ils ne sont pas tout simplement remis en cause, et donc, menacés, diminution des effectifs, en particulier parmi les réservistes à temps plein (-400) et les personnels civils (-1.300 sur 4.500). Quant à la préparation des forces, il est probable que son niveau soit revu à la baisse étant donné que, là encore, il n’est nul besoin de préparer des troupes à un engagement en Afghanistan.

Pour l’Aviation royale canadienne, l’idée est d’utiliser davantage les simulateurs de vol pour la formation et l’entraînement des pilotes. Si cela permettra de faire des économies de carburant, il n’est pas certain que ce soit un bon point pour la sécurité, car rien ne remplace l’expérience acquise en vol.

« Nous nous dirigeons probablement vers un programme de formation qui se déroulera à 50 % en simulateur et à 50 % dans de vrais appareils, ce qui est très différent de ce que nous avons maintenant », avait affirmé, à La Presse Canadienne, le lieutenant-général Blondin, le chef d’état-major de l’Aviation royale canadienne. Actuellement, les pilotes passent 20% de leur temps d’entraînement en simulateur.

Comme les forces aériennes, qui doivent remplacer, leurs CF-18 Hornet, la Marine royale canadienne est relativement préservée étant donné qu’elle a engagé un ambitieux programme de renouvellement de sa flotte dans le cadre de la politique d’Ottawa au sujet des régions du Grand Nord.

Cela étant, au niveau de la Défense canadienne, il est question d’avoir un recours accru aux externalisations, ce qui ne va pas sans créer quelques vagues étant donné que les économies susceptibles d’être générées par ce moyen sont loin d’être acquise. D’ailleurs, le lieutenant-général Andrew Leslie, a fortement critiqué cette mesure qu’il avait remise en cause dans son rapport sur la tranformation des forces canadiennes, remis en 2011.

« La recommandation la plus forte que nous avions était que le nombre des services aux entreprises devrait être réduit de 10% par an [sur trois ans]. Et ça va exactement dans le sens contraire », a-t-il ainsi affirmé sur CBC Radio. Reste que les dépenses pour les services professionnels et spéciaux de la Défense canadienne ont augmenté de 475 millions de dollars en 2012, lesquels sont allés dans les poches de consultants et de prestataires privés.

Enfin, une autre mesure polémique décidée par la Défense canadienne est de facturer les dépenses d’intervention intérieure, comme en cas de catastrophe naturelle ou d’évènements particuliers. « Étant donné les réductions budgétaires actuelles, le ministère de la Défense a décidé d’exercer son pouvoir de récupérer les coûts découlant du soutien fourni aux autres ministères du gouvernement s’il le juge nécessaire », a expliqué un porte-parole.

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