Le Pentagone n’avait pas anticipé la rapide progression des forces françaises au Mali

Les forces françaises engagées dans l’opération Serval n’ont pas perdu de temps pour reconquérir les villes maliennes de la boucle du Niger qui étaient tombées aux mains des groupes jihadistes en 2012. Ces derniers, conscients de leur infériorité, ont cependant refusé le combat pour mieux se replier dans l’adrar des Ifoghas et le secteur de Kidal.

Mais toujours est-il que la manoeuvre française semble avoir fait de l’effet outre-Atlantique. C’est du moins ce que le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a laissé entendre au cours d’un entretien accordé le 1er février à l’AFP. «  »Elles (ndlr, les troupes françaises) ont progressé de façon spectaculaire. Je salue leur travail. Elles ont progressé beaucoup plus vite que ce que nous avions anticipé », a-t-il en effet admis.

Par ailleurs, Leon Panetta a assuré qu’il « n’y a jamais eu, d’aucune façon, une quelconque réticence ici (au Pentagone) ou à la Maison Blanche à aider les Français. » Même si Washington a tardé pour décider de soutenir l’opération française avec des avions ravitailleurs, il n’en reste pas moins que les Etats-Unis ont, dès le début, apporté une aide en matière de renseignement et de transport logistique, même si, sur ce dernier point, l’idée initiale de faire payer à Paris les heures de vol a quelque peu brouillé le signal.

« Sincèrement, Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) est l’ennemi des Etats-Unis et nous pensons que les Français ont pris la bonne décision en intervenant pour s’assurer qu’ils n’installent pas une base opérationnelle à partir de laquelle ils pourraient attaquer l’Europe ou les Etats-Unis », a encore affimé Leon Panetta.

Cela étant, la position de l’actuel patron du Pentagone, qui est partagée par Hillary Clinton, tranche avec celle de Chuck Hagel, son successeur désigné. Selon ce dernier, en effet, AQMI ne constituerait pas « une menace directe pour le territoire des Etats-Unis. »

Quoi qu’il en soit, pour Leon Panetta, le plus dur reste à faire au Mali. « Dans la plupart des conflits dans lesquels vous vous engagez, le défi auquel vous faites face n’est pas seulement comment mener à bien la mission que vous vous êtes fixée, mais aussi comment vous retirer du conflit », a-t-il avancé.

« Nous avons été confrontés à cela en Irak, en Afghanistan et les Français vont maintenant y être confrontés au Mali. La clé est de le faire de telle façon que le pays dans lequel vous vous trouvez soit, in fine, en position de prendre en charge la sécurité » a encore expliqué M. Panetta. « C’est la clé en Afghanistan et ce sera la clé au Mali (…). Et cela va demander beaucoup de travail », a-t-il estimé.

Quant à l’idée de déployer une force africaine au Mali, Leon Panetta s’est montré très prudent, tout en soulignant la nécessité pour les pays africains de prendre leurs responsabilités.

« Certains pays ont incontestablement des capacités plus importantes, c’est le cas du Tchad et du Sénégal, mais il y a du travail pour fournir un entraînement de qualité, indispensable pour qu’une force africaine d’une nature ou d’une autre soit capable d’assurer la sécurité au Mali », a-t-il ainsi fait valoir. En la matière, le chef du Pentagone sait de quoi il parle : les Etats-Unis ont dépensé 500 millions de dollars au cours des 4 dernières années pour former les forces armées de la région sahélienne… Et l’on ne peut pas dire que le résultat soit concluant.

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