Pour Jean-Yves Le Drian, les combats ne sont pas terminés au Mali

Invités à s’exprimer sur les ondes de France Inter ce 31 janvier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a longuement évoqué l’opération Serval, actuellement en cours au Mali.

Pour le moment, et après avoir repris les villes de Tombouctou et de Gao, qui étaient tombées en 2012 aux mains des jihadistes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), les forces françaises ont Kidal en ligne de mire. Cette localité est un bastion du groupe islamiste touareg Ansar Dine, par ailleurs en proie à des dissensions internes qui ont abouti à la création d’une organisation dissidente, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA).

Ce dernier a par ailleurs fait savoir que, s’il recherche une solution pacifique comme il l’a affirmé la semaine passé, il s’oppose au déploiement à Kidal de militaires maliens et ouest-africains.

« Les forces françaises sont à Kidal et tiennent l’aéroport. En attendant que elles et d’autres forces africaines puissent sécuriser la ville », a ainsi affirmé le ministre de la Défense. Etant donné les tensions entre les Touareg et Bamako, il est peu probable que les troupes maliennes soient associées à la reprise de la ville, comme elles l’ont été pour Tombouctou et Gao.

D’après l’Etat-major des armées (EMA), les forces françaises, dont l’action est entravée par une tempête de sable, attendent les troupes tchadiennes qui ont continué, le 30 janvier, leur « reconnaissance offensive vers le nord pour faire la jonction avec les éléments sur Kidal. »

Le ministre a précisé que les forces françaises « ne sont pas ensablées. » Elles « sont vivaces sur l’aéroport qui a été pris il y a un peu plus d’une journée », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que « les conditions météorologiques font que le complément des forces mettra un peu plus de temps à arriver, mais cela fait partie des risques du désert. »

Quant à savoir sur les forces françaises de l’opération Serval, qui attendent l’arrivée imminente d’un second Groupement tactique interarmes (GTIA), armé principalement par la 3e Brigade Mécanisée (BM), seront engagées « au-delà de Kidal », M. Le Drian n’a pas souhaité donner de précision.

« La mission des forces françaises n’a pas changé : contribuer à restaurer l’intégrité et la souveraineté du Mali, c’est-à-dire sur l’ensemble de son territoire. Mais contribuer, pas seule, avec les forces maliennes et africaines », a-t-il souligné. Sur la question d’une éventuelle « offensive terrestre » dans la région de l’Adrar des Ifoghas, place forte des islamistes dans le nord du pays, le ministre a simplement répondu : « On verra ».

Cela étant, dans son compte-rendu quotidien, l’EMA a fait état d’une « quinzaine de sorties » aériennes au cours de la journée du 30 janvier, dont une « dizaine dédiées aux frappes aériennes qui ont visé des objectifs situés dans la profondeur du dispositif ennemi, au nord de Kidal », région où, croit savoir le ministre de la Défense, les otages français détenus par les groupes jihadistes seraient localisés.

En outre, M. Le Drian a indiqué que « les djihadistes ont subi de lourdes pertes » depuis le début de l’intervention française. « Il y a eu des frappes très nombreuses qui ont touché du matériel et des hommes. Donc, les djihadistes se sont dispersés, parce que certains étaient venus là pour un moment d’aventure militaire et sont rentrés chez eux, ou alors ils essayent de passer les frontières, ce qui leur sera de plus en plus difficile », a-t-il expliqué. « Ou alors ils se replient dans l’Adrar des Ifoghas (nord-est) et il y a là un repli tactique qui ne doit pas nous leurrer », a-t-il ajouté.

La question est donc de savoir leurs intentions. Sur RFI, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré s’est demandé « pourquoi il n’y a pas eu de combats. » Les jihadistes « se sont retirés des grandes villes pour ne pas se trouver coincés et ils ont dû se retirer pas très loin de ces agglomérations », a-t-il estimé, en s’interrogeant sur ce que les combattants islamistes « mijotent. »

Pour autant, le ministre de la Défense a expliqué que l’on « arrive à un point de changement dans l’intervention française. » « Le président de la République avait souhaité : premièrement que l’on stoppe l’offensive des djihadistes vers le sud, ça a été fait tout de suite ; deuxièmement, il avait expliqué qu’il fallait que l’on accompagne les Maliens et les forces africaines lorsqu’elles seraient constituées dans la reprise de l’autonomie et de l’intégrité du territoire malien, c’est en cours », a-t-il rappelé.

« Troisièmement, nous y sommes, faire en sorte qu’à la fois la réconciliation nationale puisse se mettre en place au Mali et que les conditions soient réunies pour que la force africaine et les éléments européens puissent contribuer à la sécurité à moyen terme de ce territoire », a-t-il encore ajouté. Mais, a-t-il tempéré, cela « ne veut pas dire que les risques militaires et que les combats sont terminés. »

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